TRAITE POUR UNE APPROCHE REALISTE DU DIVIN de Chris le Gardien (Extraits)...
On ne peut s'approcher du Divin sans se départir du vieil homme hagard qui nous a convaincu de la qualité brillante du mensonge. Le mensonge n'est plus où la vérité s'installe. Mais de quelle vérité alors est t-on investit, qui ne soit pas à son tour une illusion facile?
Cette approche métaphysique du Monde, est une approche vers laquelle ma seule intuition m'a conduit. Seule l'intuition peut, en effet, couvrir un domaine aussi vaste qu'improbable et dont aucune définition ne pourra jamais s'emparer. Définir l'infini est une impossibilité physique et intellectuelle. Seule une démarche illuminée et totalement personnelle, est susceptible d'embrasser une partie de ce champ et une partie seulement. Alors à quoi bon tenter cette approche? pour laisser la trace d'un témoignage vivant, un don sans prétention qui parle de l'espoir, de la Joie et de la Beauté du Monde, sous le prisme subjectif d'un regard. Si d'aventure, nous filtrions la même source, alors nous nous rencontrerions fraternellement et silencieusement sur le sentier, sans vocation à briller mais en filtrant la même Lumière.
Donner à nos âmes cette faculté merveilleuse de méditer par-delà les barrières de notre immédiateté et de nos préjugés, c'est déjà faire un pas vers Soi pour tenter d'en faire la connaissance.
La réflexion mène à la clarté de l'explication et permet un recul sur la relation au monde et aux autres. Comme Leibniz le souligne, "expliquer c'est déjà connaitre". Mais pour expliquer il ne s'agit plus d'être baigné dans la pénombre ou dans la lumière, il convient de laisser la source couler en soi et de se transcender pour ne plus ni nager à contre-courant, ni sortir de son eau.
Pourquoi je qualifie cette approche de réaliste? au milieu des choses et entre elles en tant que sujets percevant, qui sommes-nous vraiment à cet instant précis où nous regardons l'arbre qui déploie ses branches devant nous? Est-ce que notre être se confond dans la chose, l'Esse est t'il indépendant du percipi? Le monde matériel est-il vraiment extérieur à nous dès lors, qu'au fur et à mesure que nous en tentons l'approche introspective par le moyen du microscope, il se dérobe à nous?
N'en doutons pas, le Monde est un système, une agrégation voulue complexe mais dont une conscience, éveillée et rigoureusement attentive, reconnaitra la simplicité sous-jacente. L'essence se cache derrière nos sens. Et c'est ce sens caché que je veux mettre à jour.
Le Monde ne révèle sa Beauté qu’autant qu’on le sonde. A mesure que le cœur s’ouvre, le Monde transparait et cesse d’être un bastion de complexité et d’incompréhension.
Dès l’âge de 15 ans, et de façon très progressive, l’immatérialisme du Monde et sa finalité ultime s’est imposé à moi et construit en solides briques d’évidences. Le nouveau testament insiste sur l’abandon de l’homme par lui-même : "Dieu n’abandonne que ceux qui s’abandonnent" : l’abandon de l’Homme dans sa propre geôle dimensionnelle d’émotions et de pulsions, de matière plus ou moins brute, dont il apprend à se libérer le moment venu. La notion de Mal et de Bien nait de cette nécessaire confusion, de l'insouciance pratique de l’Homme confronté aux autres, à ses sens et à lui-même. Substantiellement Chair, l’Homme se découvre consubstantiellement Esprit.
L’autonomie de l’Homme lui fait oublier sa nature spirituelle et la chair entoure alors l’Esprit. Le Carpe Diem de la vie insouciante, comme celle de l’enfant qui échappe à la vigilance de ses parents pour un temps, fait rapidement place à l’inquiétude, au fur et à mesure que le temps passe et dès la première difficulté venue. Alors, pour autant que l’enfant ait oublié d’où il vient, il revient naturellement vers sa propre source et la pressent très fortement. Mais cette image rend imparfaitement compte de l’aventure spirituelle Humaine, car bien sûr, nous n’avons pas échappé à la vigilance d’un Père Céleste. Que sait on de cette paternité d’ailleurs, sinon ce que les traditions nous en apprennent.? Loin de moi l’idée de refaire ici une histoire des religions. Je ne suis pas un intellectuel.
J’avais 18 ans. J’étais un être de chair pétri dans mes jeunes mais palpables contradictions. Déjà, quelque chose en moi me poussait à considérer la Vie autrement, avec un regard débarrassé de ses habituels réflexes matérialistes.
Un palmier situé en face de la fenêtre de ma chambre me plongea dans une profonde méditation, un état modifié de conscience qui me révéla en quelques secondes la nature et l’immensité de notre destinée humaine et spirituelle.
Cette observation fut pour moi l’occasion de découvrir, avec force, que l’apparente réalité du Monde était un voile d’illusion, une dimension sensitive nécessaire à notre autonomie, une apparence complexe utile et nécessaire, par-delà bien et mal,
Parmenide déjà écrivait un merveilleux poème par lequel il disait: "car le même est en vérité penser et être". Berkeley en 1709 fondait d'intuition cette vérité dite "immatérialiste" en posant les jalons de l'idéalisme dogmatique, notamment dans son traité sur la vision et dans son essai sur le principe de la connaissance humaine. "Esse est percipi aut percipere : être c'est être perçu ou percevoir." Le monde scientifique est aujourd'hui très près de le démontrer comment le monde, dit "extérieur" est intimement créé, en Soi.
La vie n'existe que grâce au rapport entre les choses et plus exactement, entre les êtres. Ces consciences dimensionnelles sont la réalité perçue, illusion et fondement de notre évolution sur Terre.
Les grands maîtres bouddhistes, chrétiens, taoïstes, juifs et de toutes origines, ont tous mis en évidence de telles intuitions. Les scientifiques modernes, à commencer par Einstein lui même, se sont rendu à l'évidence que la matière est tout sauf objective.
J'ai très jeune perçu cette évidence et dès 18 ans, observant cet arbre dans le jardin familial, j'ai compris le caractère subjectif de toute "extériorité". Cette observation m'a très vite conduit à la rédaction d'un premier essai: "traité pour une approche réaliste du divin" d'où est tiré d'ailleurs le poème "la fleur du monde".
Exerce toi chère âme à percer la matière
Et à tirer tes sens de l'immédiateté
Observe autour de toi et apprends à t'extraire
De l'habituel regard des fausses vérités
Tout veut figer tes yeux au sein d'une chimère
Et caché par l'image ce qu'ignore notre science
Tout veut masquer le vrai dans la peau du mystère
Qui devient notre intime au gré de nos consciences
La fleur n'est elle pas l'amas de particules
Que trahit la technique encore abasourdie?
Appareillage ami, chasseur de molécules
Dites moi donc pourquoi le monde m'a menti?
Imagine ô mon âme un être dans l'atome
Dans cet espace temps il vivrait autonome
Vivons nous dans le notre à sa proximité
Sans ressentir jamais ses cent activités?
Ces deux dimensions se chevauchent ainsi
Egocentriques vies qui se croient seules et rares
Qui souhaitent de l'espace explorer l'infini
Quand il faudrait sonder la forme dérisoire
LE Monde s'est dérobé en paraitre éphémère
Et de son beau cristal il brisa l'armature
Il a plongé les cœurs insouciants dans l'enfer
De ceux qui dans le faux complaisamment vécurent
Mets à nue la nature et sans la violenter
Contemple en amoureux ce corps qu'elle cachait
Quand l'esprit dégagé de sa bestialité
Quand le penseur fait fi de ses plus beaux attraits
Et quand l'humanité raisonne ses instincts
Pointe sous l'animal l'humanité d'un saint
Sous la complexité des multiples visages
D'une réalité induite par nos sens
L'Unité transparait, Essence des essences
Royaume du Divin où les esprits sont sages
Lumière éternelle que nous mettons à jour
Dissipant les ténèbres et rayonnant d'Amour
Oui je sais aujourd'hui en sondant la matière
Que la réalité luit au-delà des sens
Un poète français aux qualités plénières
Voulait du mimosa connaitre son essence
Il savait d'intuition le propre du réel
inapprochable et vain fluctuant et difforme
La beauté d'une fleur ne vient pas de sa forme
Mais d'un rayonnement qui la fait être belle
Il savait d'intuition la force du mystère
Qui anime les corps car pourquoi cette fleur
Perd elle son éclat sitôt que l'on desserre
Les liens qui lui prêtaient l'odeur et la couleur?
Si rien autour de moi ni l'arbre ni la fleur
N'est comme je le vois
"Cogito ergo sum" Descartes très songeur
basait ainsi sa foi
Platon symbolisait le destin de nos âmes
Dans son allégorie qui en tisse la trame
La caverne est un lieu où enchaînés toujours
Les âmes sans savoir la lumière du jour
Ne voient de l'au-delà que des ombres difformes
Leur perception du monde est liée à ces normes
La Terre est notre grotte et la matière est l'ombre
Dans laquelle souvent notre œil se noie et sombre
Bientôt ô ma chère âme en s'habituant au Feu
Des agressifs rayons nos yeux verront le ciel
La barrière des sens gros rochers ténébreux
En s'étant dissipée dissipera le fiel
Libéré d'un carcan qui enserrait d'erreur
Nous pourrons contempler la véritable fleur
Et PONGE pleurera en la voyant ainsi
Nous atteindrons aussi la cime de la vie
Lumière ô ma Lumière enfin je t'ai perçue
Enfin j'ai maîtrisé les chaines de ma vue
La forme fait le Monde et ce jusqu'à la mort
Mon cœur avait raison et nos yeux avaient torts.
Un an plus tard, étudiant en philosophie à la Sorbonne, le bon hasard me fit donc découvrir George Berkeley et sa théorie de la vision, sur laquelle un de mes camarades préparait sa thèse. Ce fut bien sûr un choc et une révélation pour moi. Tout ce que j'avais ressenti se trouvait exprimé magnifiquement dans « les principes de la connaissance humaine ». Je devais me rendre à l'évidence: j'avais capté cette Vérité grâce à l’état de pleine conscience et devant cet arbre mon intuition m'a guidé. J'ai donc étudié ce philosophe et tout ce qui se rapportait à cette doctrine en enrichissant mes travaux et intuitions d'origine. N'étant pas scientifique, j'ai aussi élargi mes recherches à la physique quantique et à toutes les matières traitant du problème de la connaissance et de la matière perçue. J'ai également rencontré sur mon chemin de rendez-vous spirituels, des hommes et des femmes de valeurs, sensibles aux vérités non criardes mais dont la permanence ré-unit les cœurs séparés.
Prendre conscience que le monde est créé en Soi, est le début d'une grande aventure spirituelle et d'un regard nouveau porté sur ce monde et l'au-delà des sens, ce que j'appelle l'Essen-CIEL.
Je reproduis donc ici le manuscrit d’origine avec les quelques compléments augmentés.
"Pris isolément, chaque organe sensoriel est par lui-même insensible.
Regardons autour de nous et pensons le Monde réel tel qu’immédiatement nous le recevons. Divers objets nous parviennent sitôt que nos yeux, notre ouïe, notre toucher, notre odorat ou nos pupilles gustatives nous les font connaitre. Il n’est pas d’objets sans ce contact affectif physiologique et nécessaire de l’Homme au Monde. Cette relation essentielle, réalisée par le moyen des sens, construit le Monde. Privé d’une de ses 5 sens, l’Homme est amputé d’une partie du Monde. Pour l’aveugle, le Monde n’a ni couleur ni lumière. Est-ce pour autant un handicap ? Sans doute oui au sens commun ; mais combien de perceptions inconnues nous échappent encore ?
Dans l’introduction célèbre de l’Être et le néant, Sartres se félicite des progrès d’une philosophie moderne incarnée par Husserl et Heidegger. La phénoménologie se proposait en effet de supprimer de l’ordre de la réflexion tout dualisme entre l’être et le paraitre, et posait comme principe que « l’apparence renvoie à la série totale des apparences et non à un réel caché qui aurait drainé pour lui tout l’être de l’existant… ».
Et pourtant…Si la science moderne a toujours investi la face cachée des choses c’est précisément pour démontrer combien il existe une distance entre notre conscience immédiate du Monde et le Monde lui-même. Il ne s’agit pas sans doute pour chacun de nier le monde immédiat tel qu’il se présente à nous, mais d’en cerner les causes et de filtrer en elles des vérités qui nous aident à vivre. Sartre citait complaisamment Nietzsche en dénonçant l’illusion des arrières mondes » ; ce faisant, en prenant le paris du tout phénoménologie contre le tout idéaliste, on se perd aussi dans un extrême. Pourquoi se fermer tout un pan de la connaissance. On se prive dans un cas comme dans l’autre de toute une mine d’informations précieuses. Il existe sans doute un juste milieu. Et c’est celui-ci que nous nous proposons de faire sortit de son terrier.
Le Monde est un système, il est dommage qu’on puisse en nier la Beauté, tandis qu’un œil intuitif s’en nourrit avec sagesse. L’âme consciente, le principe de toute existence, ne peut pas ne pas comprendre le Monde, son Unité, sa simplicité.
Berkeley dans ses principes écrivait que « les objets des sens existent seulement quand ils sont perçus». Il reste à bien distinguer entre l’idée elle-même et l’objet : autrement dit de savoir si l’objet existe indépendamment de la perception et sous quelle forme ?
Le rapport fondamental de l’Homme au Monde implique une perception plus ou moins commune de l’environnement matériel chez une même catégorie d’être percevant.
Regardons autour de nous ; en tant qu’Être percevant, nous nous situons par rapport à ce que nous percevons, nous ; or, qu’y at-il autour ? des objets, plus ou moins compacts qui paraissent sous une forme déterminée.
Tâchons de mieux définir ces objets :
Disons qu’ils sont matière du Monde au travers de formes définies et, pour le moins communes à tous les Hommes normalement constitués. Je veux dire par là que cet objet, cet arbre par exemple, est perçu par le moyen des yeux par tout Homme qui dispose de la Vue. La connaissance des objets s’effectue donc par le moyen direct de nos sens organiquement constitués. Ainsi l’espèce humaine perçoit les objets d’une certaine façon ; d’autre espèces, organiquement différentes percevront sensiblement cet arbre, notamment en termes de couleurs ou de relief ;
D’autres encore percevront des couleurs auxquelles nous demeurons insensibles.
Mais si les sens sont indispensables à la connaissance immédiate de notre conscience ils demeurent en eux-mêmes un grand mystère lorsque l’on pose la question du pourquoi et du comment.
Si nos sens sont corporels, et uniquement corporels (toucher, odorat, vue…), il faudra bien admettre qu’il y a une relation entre deux corps matériels, une matière percevante et une matière perçue.
Mais la perception d’un objet est un mouvement qui contient en lui le principe même de cette action, à savoir une capacité inhérente à la réflexion. Le principe de la connaissance ne saurait être un principe passif. La matière est inerte par elle-même : le cerveau en tant que chair ne saurait être à lui-seul le principe de la réflexion ; le cerveau est un système à lui seul, une admirable machine contre lequel aucun ordinateur moderne ne peut rivaliser. Cet incroyable gestion du corps et de l’esprit nécessite des impulsions premières qui ordonnent ses actes, les anticipent et en comprennent la globalité. De sorte que chaque organe sensitif pris isolément, comme l’œil ou l’ouïe, ne suffit pas, par lui-même, à percevoir un son ou une forme.
Si la matière ne peut saisir une autre matière, les organes seuls n’ont aucun sens ; ils ne sont pas suffisants non plus puisqu’ils n’ont de sens qu’intégrés dans un système vivant, c'est-à-dire actif. Cette structure consciente est une action d’un principe que les anciens appelèrent l’âme sans jamais en trouver le siège mais en le pressentant dans le cœur, organe lui-même improductif en dehors de ce système. Pris isolément aucun organe ne produit du sens. La Vie est relation et cette relation est un système de conscience qui reste mystérieusement secret.
On peut donc affirmer sans mal que les sens pris isolément sont totalement insensibles.
Les sens physiques ne sont donc pas exclusivement matériels, ni isolés sinon ils sont matière inerte.
De même les objets perçus demeurent insaisissable sans les sens qui les perçoivent. Il existe dès lors deux théories qui s’opposent.
Les matérialistes, dont il faut bien avouer que nous faisons tous partie a priori, considèrent que chaque objet dans le Monde existe en tant que tel, hors de l’Homme qui le perçoit, au-delà des sens eux-mêmes. La connaissance du Monde est, pour les matérialistes, un contact à des objets autonomes et extérieurs au sujet qui les perçoit.
Pour les matérialistes, l’arbre, c'est-à-dire l’étendue de particules constituant cet objet vivant dans sa globalité, est donc perçu par le sujet, mais il existe bien dans cette même étendue indépendamment de la perception que nous nous en faisons. Les idéalistes dogmatiques dont fait partie Emmanuel Kant, nous renseignent sur la nature des objets
Dans sa critique de la raison pure, Kant a donné une définition de l’idéalisme qui m’a touchée:
« L’idéalisme (j’entends l’idéalisme matériel) est la théorie qui déclare l’existence des objets dans l’espace et hors de nous ou simplement douteuse et indémontrable ou fausse et impossible ; la première problématique est l’idéalisme problématique de Descartes qui ne tient pour indubitable que cette unique assertion empirique, je suis ; la seconde est l’idéalisme dogmatique de Berkeley qui regarde l’espace et le temps comme quelque chose d’impossible en soi. Et par suite, aussi les choses dans l’espace comme de simples fictions ».
Devant mon arbre avant même que ces philosophies ne parviennent jusqu’à moi, mes yeux ont cherché à comprendre l’arbre et à le toucher avec le cœur."
L'arbre suit sa racine.