Les bouddhistes savent qu’on apprend en plongeant son cœur dans la boue. On pourrit d’abord comme une graine en terre, puis on bourgeonne et on fleurit comme un Lotus.
Notre graine sauvage ne peut pas ne pas germer. Toute une Vie bouillonne au sein de cette nature sauvage originelle qu’on refrène avec violence et conformisme, jusqu'à la croire déjà parvenue à sa forme finale ; elle est alors si inaboutie.... Qu’est-ce qu’une graine qui ne révèlerait pas son plein potentiel en terre, même douloureusement balayée par les vents, la pluie et le soleil?
Apprivoiser la vie, c'est faire grandir le potentiel de cette graine perdue en surface, qui a vocation à la profondeur et à l'humilité. Apprivoiser la Vie c’est faire ressurgir de Soi la Vie à laquelle on ne s’attendait pas de premier abord ; c’est retrouver paradoxalement le bon côté sauvage de notre nature en germe. C'est faire l'expérience de la terre, descendre au plus profond de Soi.
J’observe souvent, comme vous, les animaux dans leur élément naturel. Ils vivent chaque seconde en pleine conscience d’ÊTRE. Ils ne pensent pas. Ils sont ce que la nature commande. Le Mental ne les perturbe pas. Nous qui vous croyons des demi – dieux, laissons aux animaux la place qui leur revient : celle bien au-dessus des hommes limités. Car les animaux sont à la Terre, ce que nous devrions être au Ciel : des générations spontanées et naturellement magiques, en apprentissage d’autonomie. Les animaux ne vivent pas à moitié. Ils sont une Totalité et la plénitude de leur potentiel, ici et maintenant.
Nous sommes des Dieux en cage. Et la clé de notre plein développement ne dépend que de nous…Le véritable Trésor, mis à jour, illumine à jamais nos Vies. On peut perdre de vue ce cadre plus large pressenti par l'intuition, comme un phare qui nous guide, et souvent malgré nous, mais il est là toujours et ne cessera jamais de rayonner, puisqu’il est en nous, prêt à se révéler au gré de notre Éveil. C'est ce Présent Éternel qu'il faut découvrir.
Celui qui n'ose pas abattre ses propres frontières, reste enfermé dans la cage étroite de ses pensées. Entre passé et futur, quand le Mental nous détourne de nous-mêmes, on retarde ainsi notre plein potentiel à ÊTRE, et ce depuis au moins notre naissance. Cette séparation nous plonge le plus souvent, dans une terrible souffrance à laquelle il faut faire face comme on peut, avec les outils du bord. Mais ces outils sont ils seulement suffisants?
Malgré nous, nous connaissons pourtant le langage de l'âme que le mental veut rendre inaudible. Protégeons bien notre petite flamme Fragile des tempêtes terribles. Ces vents ne peuvent nous malmener si nous plongeons au sol nos racines sauvages, mais aucune souffrance n'est vaine. Elle nous oblige patiemment à reconnaître l'Axe du Monde en Soi, dont nous nous étions éloignés.
Mais toute souffrance est un signal de nouveau départ...vers ce pays où il est si difficile de rester : Soi-même, mais toute souffrance permet à la graine de se transformer, de maturer, même dans la plus obscure des terres.
Le Soleil brille Toujours et partout, même éclipsé par les tempêtes dont les pluies irriguent l’Être qu'il ne cesse de nourrir.
Il faut cependant bien du courage, ou une dose de juste folie, pour s’extraire des habitudes du Mental obscur. Il y a deux sortes de folies, celle de nos geôles austères et celle qui nous libère, en récompense de notre juste rébellion. Cette rébellion n'est pas une opposition, mais une ré-uni-fication à notre Présent D’Être.
Et si l’histoire personnelle n’était qu’une rébellion contre nous-même destinée à faire taire, une par une, chaque partie douloureuse de notre être? A éclairer une par une chacune des pièces oubliées de notre Être profond ?
Nous sommes de si petites choses face à l'énergie infinie du vivant qui jaillit de nous, pourvu qu'on la mérite. Mais nous sommes si infinis en germe.
Le seul confort véritable, ce ne sont pas les habitudes que le conformisme impose ; c'est la communion de Soi et de l'instant. C'est ainsi qu'on recompose ce qui s'était perdu. C’est ainsi qu’on résout la difficile équation des opposés. Le Bouddhisme pourtant considère la dualité comme une vérité noble car elle nous amène vers la réconciliation. Sur le sentier chaque pas doit nous ramener à SOI.
Il n'est plus bel horizon qu'à la verticale de Soi. Il suffit juste de fermer les yeux pour sentir la compassion, comme l'air invisible, qui caresse notre âme.
Bien sûr, tout change et nous changeons aussi, mais il y a en nous un Principe Atemporel qui ne change pas : la Présence à Soi-même que l’Attention permet. C'est depuis l'éveil à ce Principe Atemporel, que jaillit le meilleur de nous même. Chaque seconde est une chance pour changer l’orientation de sa Conscience, dans et par l'Ici et maintenant.
J'ai toujours cette boussole magique dans ma poche qui ne m'indique pas le nord, mais le sens de l'Amour. La Vie Rien que la Vie Mais toute la Vie...L'Amour est L'Énergie Primordiale et Originelle. Chaque pas nous en rapproche, et chaque expérience relationnelle et personnelle nous en révèlent d'intuition le parfum originel. A nous de le re-connaître entre nos émotions.
Si nous ne sommes personne seuls ou attachés, nous sommes Un, ensemble, Conscients d'ETRE, libres parties du TOUT. Mais l’amour est une conquête personnelle. Celui qui ne sait pas s’aimer ne peut pas aimer. C’est en re-connaissant d'intuition notre nature de graine et en élargissant notre regard sur le potentiel que nous nous apprêtons à laisser croître en nous, que nous réduisons tous les antagonismes. Nous transcendons alors la Dualité et ne la laissons plus nous diviser. Nous désamorçons les colères, les jalousies, l’orgueil et toutes les grenades explosives des émotions que la pensée Égotique nous forçait à entretenir depuis si longtemps.
Nous n'aimons plus en exclusivité, en limitant nos attirances ou nos pulsions, mais en Totalité...Sans condition. L'Amour ne connait et par nature ni le besoin, ni le manque, ni les conditions que l'Ego impose.
Voir au-delà des seules apparences que le mental connaît, voilà le but ultime de nos existences bornées. Voilà le Sens de l'Amour.
L'Amour vrai ne se consomme pas de désirs et d'ego. Il survit aux querelles du temps et à tous ses malentendus.
Seule l'urgence du temps et de l'espace profane nous isole. Dans l'uni-vers du Cœur, dansent les amours à l'unisson.
De Voyage en voyage, certains regards nous révèlent à nous même... spontanément vivants, ils témoignent de cette étincelle commune et de la nature de graine de chaque Être vivant dans cet Uni-vers.
Chaque relation devient alors le principe d’une maturation en Compassion totale, même dans la plus sensuelle d’entre elles. Car la sensualité se situe par-delà Bien et Mal, pour les couples qui sont parvenus personnellement à transcender les émotions profanes. Il ne s’agit pas de s’interdire l’émotion ; il s’agit de jouir sans souffrance, d'écarter les causes de la peur, de la jalousie de la tristesse, en plongeant au cœur de nos racines. Ainsi, on peut, en conscience profiter de la jouissance d’un instant pur, détaché des conflits et des désirs de possession, propre au Mental.
Les émotions sont alors comme les vagues. Les vagues sont des émotions qui se brisent sur les plages, mais qui ne vident pas l'océan de ses eaux profondes.
S'affranchissant des frontières par notre âme éveillée, nous recevons d'elle la plus essentielle des caresses : l'Amour. on la partage depuis la Source d’où elle jaillit en toute innocence, par delà l’espace et le temps qui n’existe plus. Quand l'autre n’est pas là, on ferme les yeux. Chaque nuit, au travers la fenêtre de notre chambre, interrogeons la lune, nous en décrypterons les symboles ensoleillés.
Notre richesse est en nous, à l’abri de notre graine qui germe. Elle se déploie à notre mesure, lorsque nous sommes disposés, par nous-mêmes ou parce que la Vie nous y force un peu, à mûrir et ne plus faire obstacle à notre plein potentiel lumineux.
Le courage d'être soi, c'est le courage d'être vrai quelles que soient les circonstances. Nous sommes des germes de vérité qui rentrons en Terre pour nous élever vers le Ciel...Chaque étoile dans le Ciel témoigne alors de notre éternité, lorsque nous leur permettons de nous parler.
Il y a en nous tellement de richesses, que se mettre hors de soi et ruiner son présent est un suicide permanent. Intellectualiser le monde, laisser le mental hurler et se plaindre, c'est nous figer dans l'une des parties de la dualité. C'est donc légitimer la division, la normaliser, lui trouver des excuses en choisissant un camp. Or, aucun camp contre un autre ne peut apaiser notre mal. Le mal est l’effet de la séparation et cette dualité ne peut se résoudre par aucun des mécanismes de la raison sélective ou exclusive.
C’est pourquoi, aucune illumination n’est possible par l’opposition, et c’est l’opposition pourtant, des cases noires et blanches de la Vie, qui appelle à l’équilibre. Au bout du compte je ne choisis plus d’être à gauche ou à droite, je choisis ce point harmonieux que seule la pleine conscience permet, pour atteindre l’illumination.
Le Mental remue l’Homme et cette souffrance finit tout ou tard par lui révéler son plein potentiel. Nous naissons du croisement alchimique entre l’ombre et la lumière. Ainsi s'éveille l’Homme nouveau. Ainsi se déploie la graine. Le Sublime se révèle entre le noir et le blanc, dans un infini horizon de couleurs. C'est un équinoxe Sublimement équilibré.
Et si la vie était une chance pour réparer toutes les précédentes et comprendre au travers un immense miroir alchimique... nos peurs profanes?
Quand nous avons pris conscience du Sublime en Soi, nous cherchons au travers nos propres imperfections à apaiser les cris du Monde.
Notre Liberté peut bien retarder notre propre développement de retarder notre sublime maturation. Notre Liberté nous permet de penser, penser et encore penser quand il faudrait lâcher-prise et se taire. Mais notre Liberté nous permet de nous révéler en pleine autonomie et de n'être inféodé à aucune force sinon à nous-même. Il n'est pas d'Amour sans Liberté ni de Liberté qui ne mène à l'Amour.
On s’enchaîne, on se déchaîne. On subit, on meurt et on renaît. Émotions qui nous élevez en Lumière, Vous nous faites grandir en Liberté.
En vérité, il faut prendre les choses comme elles viennent ... et comme elles partent. C’est en libérant notre courant d’énergies originelles, que nous débloquons nos nœuds mentaux.
Nous pouvons comprendre mille choses avec notre tête, le Mental ne sait explorer que la partie horizontale du monde. Le Cœur fait le reste.
Le mot « rêve » exprime alors la Beauté ressentie comme une fulgurante évidence. Toute plénitude d’Être est un rêve éveillé. Il n'est plus de besoin. L'Amour n'est plus un besoin ou le comblement d'un manque ou d'un déséquilibre. L'Amour est fait nécessité Ultime.
Le "bruit et la fureur du monde" nous dispersent, le Silence de l'Amour nous rassemble.
Si les mots sont trop bruyants pour rendre bien compte du Silence, les poètes savent composer avec le Sublime, et chaque Saison résonne en eux, en les éprouvant jusqu’ à la germination. Le printemps prépare ses habits de Lumière sans ménagement, mais avec bienveillance. Le Cœur est leur canne blanche dans les nuits les plus noires. Soyons comme ces poètes qui découvrent leur Cœur en ôtant les aspérités grossières qui l'étouffait.
Les rêveurs inventent le Monde caché, comme les explorateurs découvrirent les terres occultes. Les rêveurs sont les aventuriers de l'âme. Ne rêvons pas avec notre Mental... Le rêve, n'est jamais le cauchemar du passé ou du futur, il est Plénitude au Présent. La réalité peut être pesante ou légère, notre regard est seul responsable du poids de notre conscience. Mais parfois, on pèse des tonnes.
Le rêve c'est la réalité qu'on libère, c'est le Sublime qui jaillit de ses geôles, ici et maintenant.
On ne profane jamais l'Originelle Beauté sans se diviser soi-même, mais on ne se divise pas éternellement. On peut se perdre encore et encore, bien sur, mais l'Espace n'est jamais trop grand pour se perdre toujours. Aucune force brutale ne peut vaincre indéfini-Ment l'innocence brute. Le Cœur aux secrets jaillissants à l'instinct du Retour ; La graine contient, en Soi, le principe de sa germination. Ce qui doit Sera … il ne tient qu’à Nous.
Si éphémères, Nous Sommes... Présents et Éternels.
C'est au creux de nos fragilités que résident souvent nos plus grandes beautés
Le ciel et la terre ... ont la même racine que moi, et toutes choses ne font qu’un avec "soi".
La cause principale du mal-être humain est cette déconnexion de soi,cet enfermement ... au quotidien.
Dans l'abîme sans fond mon regard a plongé. De l'atome au soleil j'ai tout interrogé.
Pas besoin de chercher la vérité, il suffit de mettre fin aux vues fausses.
Et puis laisse ton cœur ouvert ! Le cœur, c'est la sainte fenêtre.
J’ai jeté cette toute petite chose qu’on appelle « moi » et je suis devenu le monde immense.
Vous êtes une ouverture par laquelle l’univers se regarde et s’explore lui-même.
Enseignement de Thich Nhat Hanh au village des pruniers, juillet 2014...La pleine conscience.