Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chris le Gardien auteur
Chris le Gardien auteur
Menu
Aux confins du Soi - Deuxième partie

Aux confins du Soi - Deuxième partie

Aux confins du Soi - Deuxième partie

L’Ego règne en maître partout dans ce monde. Voilà une vérité que personne ne conteste, qu’on n’ait ou non la Foi. Le mystère du « Moi », qu’on désigne par les termes d’Ego ou de Mental, fascine les philosophes, les psychologues et les ésotéristes, depuis toujours. En vérité, on en est le plus souvent réduit à ne voir pas plus loin que le bout de son nez, car le Mental ne pense jamais objectivement son propre Moi, ou du moins, il ne veut pas le désarmer. Toute tentative d’Ex-plication se heurte à un mur qui forme les limites de nos perceptions et croyances immédiates.

 

1- Le Principe de distinction élémentaire : une rupture provisoire dans l’Éternité

 

Le Moi (se) distingue du Tout. A proprement parler, le Moi permet à l’homme d’Ex-ister, de se situer dans ce Tout indivisible, en tant que partie distincte du Cosmos, comme une entité à part.

Cette séparation, par le Moi vis-à-vis du Tout, est le sens étymologique même du mot « intérêt » (Inter-Res, entre les choses). On se situe entre les choses dans un monde, un univers borné par nos sens et notre Mental. On s’identifie à des limites constituant notre propre fatalité, qu’on tente parfois de dominer, au moyen de notre intelligence et de la raison qui restent elles-mêmes limitées horizontalement dans l’espace et le temps qui les contraignent. Cette séparation s’opère néanmoins dans l’ombre de Soi, car l’homme ignore de quoi il est réellement séparé.

L’Ego l’oblige en quelque sorte à accepter cet environnement auquel il s’est adapté depuis sa plus jeune enfance. Il en accepte tout : à la fois le confort et les contraintes. Il s’adapte au monde réel qui le façonne et qu’il façonne à son tour à la manière d’un démiurge. L’Ego est installé, et le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas près d'accepter l’idée d’un déménagement hors de ses propres limites : un espace-temps qui rassure l'homme en même temps qu’il le cloisonne.

Le Moi est donc un bon menteur, un commercial hors pair, qui vend à l’homme 80 ans de Vie, avec pour seul produit des fruits sans réelle saveur, ceux de la perception immédiate et étroite de lui-même. Mais l’homme en bon client croit faire l’affaire du siècle, et se contente bien souvent de ces maigres options de savoir, ne cherchant pas plus loin que ce qu’on lui a proposé.

L’Ego agit toujours dans l’ombre, et nous restons longtemps sous son joug, sous le contrôle de ses doctrines, croyances, préjugés, perceptions étroites, nous réagissons en conséquence, sans transcendance. L’Ego a tout intérêt à n’être jamais découvert à la Lumière du Cœur, car il serait inexorablement balayé par notre pleine Conscience.

Le Moi est néanmoins aussi une richesse, car l’Ex-sitence est au Principe de tout éveil. Ce n’est pas un paradoxe. L’Ex-périence, fait grandir progressivement la Conscience de l’arrière-plan dissimulé du Soi, qui anime fondamentalement mais discrètement ce monde d’apparence. L’absurde n’est pas tant le monde, l’absurde est la négation de sa Sublime Nature, de son Plan Vertical Premier et Dernier, l’axe du Monde, à l’origine de toute animation, de toute manifestation, à origine de toute Vie.

Le principe de distinction ou de séparation est à la fois cause et effet du Moi, et la conscience progressive de ce principe rend à la Lumière toutes les zones perdues du Soi, quand l’heure est venue de trouver ce Trésor si longtemps dissimulé en son Cœur.

 

II- Le Trésor du règne Humain

 

L’ordonnancement complexe du monde physique (microscopique et macroscopique), les fascinantes découvertes de la science moderne, que l’Intuition millénaire de quelques illuminés a permis, démontrent à quel point les limites de nos perceptions peuvent être repoussées, et dans quelle mesure nous sommes à l’étroit dans ce Moi réducteur et distinct.

Les lois de la physique laissent toujours, de prime abord, assez de place à la volonté individuelle, car on cherche toujours à Ex-pliquer le monde et nos comportements par des causes extérieures qui produiraient nécessairement des effets identiques. De sorte que c’est déjà une grande satisfaction pour l’homme, guidé par son Moi d’orgueil, de se croire au-dessus de la masse quand cela l’arrange et de construire ainsi SA propre Vision du monde, qui n’est d’ailleurs le plus souvent qu’empruntée à d’autres que lui-même, qui l’ont conditionné à de telles certitudes. Des trois règnes de l’ordre naturel chers à Aristote, l’homme occidental croit tenir une place privilégiée en se situant au dessus-des deux derniers, condamnant même la nature qui l’accueille à des dommages conséquents par un comportement souvent irresponsable.

Le fait religieux lui-même, quoi qu’établissant le principe de l’âme, la niait à certains hommes. La femme n’en n’était pas pourvu, selon certaines traditions et bien plus proche de nous, les indigènes africains ne pouvaient pas être des hommes…

L’Ego ne disparaît jamais du fait de la seule croyance religieuse. Toute doctrine, tout dogme n’est pas nécessairement Lumière et c’est l’Ego qui est à la manœuvre de bien des dieux inventés par l’homme. Cette domination-là ne relie pas, elle divise encore, pour des raisons de Pouvoir.

On a longtemps nié aussi aux animaux,  la part de sensibilité qui leur revient pourtant, croyant qu’ils ne sont que des mouvements mécaniques et qu’aucune autodétermination n’est possible pour le règne animal, ce qui est particulièrement faux. Cette inégalité de positionnement, dans ce monde, selon les sciences et les religions - dont l’Ego tient les rênes - établissent et maintiennent cette distinction jusqu’aux limites de l’absurde, les hiérarchisations d’être vivants, et même entre les hommes eux-mêmes. Cette distinction, pour ne pas dire cette discrimination, est encore bien actuelle. Qui peut le nier ?

L’Histoire tend néanmoins, même si très lentement il est vrai, à gommer ces discriminations sociales ou scientifiques.

La science, notamment quantique, perce peu à peu certains mystères que la physique traditionnelle ne pouvait atteindre. La vraie Nature du Monde matériel est mise au jour, et de plus en plus d’éminents scientifiques trouvent le courage d’émettre des théories qui rejoignent celles des sages antiques et orientaux. A l’évidence, le progrès technique n’invente rien qui n’ait déjà été tracé par l’homme depuis plus de 5000 ans.

T'Air...solide morceau de Ciel...

Tout corps sur terre est composé des mêmes atomes que les étoiles. L’homme croit être séparé du Ciel alors qu’il est issu de lui. L’homme croyait que le Ciel pouvait lui tomber sur la tête, la terre en est entourée, et rien n'apparait aussi solide lorsque nous en perçons la composition véritable. Se situer au dessus des choses est un acte d'orgueil.  Ni au-dessus, ni en dessous, nous sommes simplement un bout de Ciel en Terre. Ce que nous appelons physique, n'est rien d'autre en réalité que la perception cristallisée d'un sublime Univers in(di)visible. Le monde est rempli de sensualité Sublime. La science nous rassure et contribue un peu à nous décloisonner, à nous à remettre un peu en question, l’apparence illusoire de nos limites, et à nous bousculer sur notre incroyable potentialité encore inexplorée.

Force est de constater que nos certitudes et préjugés évoluent. Le Mental se décloisonne, l’Ego maigrit, et l’éveil à l’inconnu élève notre point de vue de façon toujours inattendue.

Ce ne sont ni les progrès techniques ni les preuves scientifiques, qui contribuent à notre décloisonnement Mental. C’est notre propre Intuition, c'est notre propre Cœur qui éclipse la puissante emprise de notre Mental et qui reconnait la vraie nature des choses. Les sciences ne font que suivre l’évidence du Cœur. En elles-mêmes les sciences sont impuissantes à prouver l’inconnaissable origine, car les sciences sont physiques et Mentales. Seules les mathématiques pures traduisent l’imperceptible, mais pas plus que ne le font spontanément les poètes et les artistes. La tête n’a jamais rien révélé de Soi, car la tête est gouvernée par l’Ego, et l’Ego ne peut se nier lui-même, sans se mettre en danger.

L’individu plongé dans un monde « distingué » cultive sa différence, sa personnalité et creuse le fossé de sa différence. Il nourrit son Ego qui grossit, à vue d'oeil!

La Fraternité, qui est la re-connaissance d'une essence commune, est pour lui un concept encore bien théorique quoique la société l'y contraigne dans le cadre d’un contrat social depuis le XVIII° siècle. D’ailleurs c’est bien le siècle des "Lumières" qui permit de construire cette avancée considérable de la vison du Moi, en le tempérant dans la nécessité d’un intérêt général primant sur l’intérêt particulier. Le Moi devait donc reculer au profit de l'autre. Mais cette philosophie n’a t-elle pas fait que transférer sur un organisme social l’Ego individuel, créant alors un Ego collectif, Un Moi qui n’a pas perdu en force mais qui au contraire s’est substitué à la somme de tous les Egos individuels. La République, la démocratie, sont sans nul doute un progrès politique et éthique important dans l’histoire, mais la pratique démontre que la domination a juste changé de visage, en portant dorénavant un masque plus louable. Les Masses d’Egos individuels sont différemment dominées mais elles le demeurent, plus subtilement. La dictature Mentale s’appuie sur des outils de manipulation effroyables qui ne disent simplement plus leur nom.

L’individu, en Soi, ne constitue pas un danger pour autrui, sauf à renforcer son Moi (individuel ou collectif) en le conditionnant par l'action ou l'abstention de nos gouvernants (familles, gouvernement...). Alors L’Ego replie les individus ou les masses sur eux-mêmes ; au mieux ils sont empêchés de commettre ds actes de violence, au pire ils y sont encouragés.

Il reste que chacun dispose de son libre arbitre et que, en proportion de son avancée karmique, chacun entend plus ou moins distinctement cette petite voie intérieure qui peut le dissuader de persévérer dans un comportement destructeur. Le groupe influe énormément sur l’individu, mais l’individu seul peut réveiller l’Essence qui est en Lui, et faire acte de rébellion positive pour lui-même et le bien être de l'Humanité.

L’Intuition permet donc d’aller au-delà des apparences et des conditionnements dogmatiques, en éclairant notre chemin. Ce n’est plus une approche intellectuelle, propre aux philosophes, mais une démarche de Pleine Conscience, propre à chacun, qui déploie la grande richesse cachée de ce monde, celle des poètes, des illuminés, des artistes qui communient avec l’invisible et surtout qui sont parvenus un jour à éclipser leur Ego, leur intellect dominant, en sortant de la logique intellectuelle de tout vouloir rattacher à une cause connue, en découvrant cette confiance lumineuse et Intime d’eux-même, en quittant le Plan horizontal de la perception commune, pas parce qu’on leur dit de le faire, pas parce qu’ils l’on voulu ou attendu, mais parce que l’évidence était là! Ils ont entendu l’appel du Silence. Ce n’était plus des bruits ou des couleurs connus, ils étaient plongés dans un vide sans filet, et n’ont plus hésité une seconde à lâcher prise.

La Dualité les retenaient jusqu’alors sur le sol ferme ; mais la Dualité ne résout aucune des questions existentielles par elle-même. L’Ego ne résout aucune problématique qui forge sa raison d’être. L’Ego ne se nie jamais lui-même : ses outils mentaux servent le Plan Horizontal et le bornent. L’Ego domine ce qu’aucune preuve rationnelle ne peut remettre en question. Ne cherchez jamais à prouver l'inconnu à ceux qui ne sont pas "con-vaincus" et qui n'ont pas cheminé, par eux-mêmes.  Attendez qu’ils y plongent à leur tour. Alors ils auront eux-mêmes "vaincu" leurs propres limitations et enlevé leurs propres bandeaux déformants. Leurs yeux se seront ouverts, ils verront l’invisible et vous entendront alors aussi. Vous qui lisez et comprenez ceci, soyez heureux et les bienvenus. L'Ego Est "hors de combat".

 

III- L’Im-Perfection : condition du Soi libre et chemin vers l' Éveil

 

Nous avons vu dans la première partie de cette méditation, comment l’Ego va très progressivement emprisonner la version originelle de notre âme, tout au long de notre enfance. La question du pourquoi est intéressante, et plus précisément celle-ci : pourquoi avons-nous été créé imparfaits ? Si la création peut être chronologique, ce que je ne crois pas – n’aurait il pas été possible au créateur de vraiment créer des êtres à son image, comme la Bible le laisse supposer ? Si Dieu est lui-même parfait, comment peut-il ou comment a t-il pu accepter la domination du Mal sur le Monde ? Comment d’ailleurs une seule vie peut-elle suffire pour condamner des hommes nés dans des contextes si différents et toujours en proie à la pression des mœurs et du contexte familial, politique, social, culturel voire biologique et même, comme Montesquieu le laissait supposer, climatique. Ces fortes déterminations, cette influence violente qui nous prédispose aux réactions les plus diverses, nous exposeraient t-ils toujours aux mêmes et définitives sanctions divines ? L’Enfer pour ceux qui ont failli, le paradis pour ceux qui miraculeusement s’en sont sortis ?

Il n’existe aucune réponse rationnelle ni logique adaptées à ces questions diverses. Ce pourquoi les textes ou les traditions ésotériques n’ont jamais cherché à prouver l’existence de Dieu et ses attributs ou intentions. Ces tentatives seraient vouées à l’ échec, pour les raisons que j’invoquais sur la suprématie de notre Mental et notre incapacité à nous former des idées de l’infini qui par nature échappent à toute définition.

L’intuition, les symboles, les paraboles, la Foi seuls nous ouvrent les portes de l'inconnu. Ils sont sans filet et nous proposent de pénétrer l'invisible en confiance. Ces portes ne sont pas secrètes. Je les emprunte tous les jours. Ces portes ne donnent nulle part ailleurs que sur mon propre Cœur. Le Soi est mis au jour chaque fois que les murs du Moi se fissurent ou s’abattent.

Si l’Homme en sa qualité de créature avait été créé parfait, il aurait été inféodé à l’Infini, sans distinction possible. Le principe de séparation est la seule échappatoire possible. La « Perfection » EST, Indivisiblement. Elle EST, ni l’un ni l’autre, et par nature, elle n’est ni libre ni librement consentie.

Sans Séparation, la Liberté ne serait pas possible. Le Monde non manifesté suivrait une Loi intangible, pour elle-même et par elle-même ; il n’y a pas de volonté de Perfection sans im-perfection. Il n’y a d’ailleurs pas de Perfection non plus,  car la Perfection est nécessairement située dans une Dualité, face à son contraire, pour Ex-ister, s’Ex-primer. En Soi, la Perfection n’est pas la qualité de l’Infini. Elle ne peut pas l’Être. De même que le vide "Duel" ne peut être que le contraire du plein, l’infini n’est ni plein ni vide, car il est "Parfaite" Unité! Mais l’infini lui-même, ne peut pas Etre, en Soi, sans son contraire, le fini. L’Unité elle-même doit se situer face à la dualité qui la fonde. L'existence fonde l'Essence, lui prête corps! Il n’y a sans doute pas d’avantage de commencement, pas plus qu’il n’y a de fin et quoique nous passions entre ces deux concepts entre naissance et mort. Aucune Ex-plication ne saurait rendre compte de l’indivisible, parce que notre Mental et les mots et idées sont des outils totalement inadaptés.

Dualité et Unité sont le Yin et la Yang de l'existence et de toute Liberté.

La Matrice derrière la Matrice derrière l’autre Matrice, voilà l’image que je peux concevoir du monde manifesté. Mais cette Matrice est Mentale et induite en Moi. Le Soi est encore un Moi graduellement soumis à une manifestation plus subtile, moins Égotique et je ne saurais affirmer si ce processus peut prendre fin un jour et si l’illumination de Boddhivista débouche sur un repos contemplatif inactif éternel. J’affirme en revanche qu’en Soi, il n’y à ni vide ni plein, ni imperfection ni perfection, nous Sommes….Essence en Manifestation!  C’est tout ce que nous pouvons dire. Le ESSE pur, si tant est qu’il puisse se suffire à lui-même et ne plus interagir dimensionnellement est bien ce vers quoi nous tendons tous et qui nous appelle. La chronologie séparative nous empêche de le percevoir, et sa nature même est de toute évidence imperceptible. Notre Soi est inconnaissable temporellement, seule l’intuition nous en livre les murmures discrets.

La seule certitude est donc que le principe de séparation nous rend perfectible. Et c’est sens doute la plus belle aventure vers Soi, sortir des lois mentales, faire preuve d’insoumission et re-connaitre le Voile du monde comme participant à notre Liberté graduelle et sentir son Essence bouger dans notre Cœur. L'alignement de l'Essence et du Soi, est une consécration.

La fourmilière suit une organisation dite naturellement "parfaite" car ordonnée et cohérente au but de la survie du groupe que chaque individu compose. Les règles collectives strictes l’emportant d’ailleurs sur chaque destin individuel. Le sacrifice étant de mise au profit de l’intérêt général. La Liberté n’est pas partagée sur le court terme par ces êtres vivants et c’est une chance pour les espèces d’être doué de sensibilité et d’autodétermination. L’Homme dispose de ce pouvoir, et sa potentialité de Liberté le conduit chaque jour vers des horizons extra-ordinaires. La Perfection n'est pas toujours une garantie de Liberté. L'imperfection y conduit toujours, à terme.

L'Homme n’ignore pas qu’il répond lui aussi au déterminisme de certaines lois dont il accepte la fatalité, mais dont il essaye de maîtriser les effets. Et il y parvient. Son Moi lui offre ainsi un recul,  une autonomie assez large par la volonté même imparfaite. L’individu se délie des Lois et peut influer sur elles. Cet effet positif a bien sur son revers, tant l’orgueil de l’homme est grand de dominer le reste du monde. Le principe de distinction est une entropie qui n’est ni un bien, ni un mal. Il contribue en revanche à l’autonomie et à sa consécration.

Ce pouvoir de Liberté, cette imperfection, c’est la dualité, un espace temps d’auto détermination pour le meilleur et pour le pire, qui permet à l’homme de se re-connaître Soi-même derrière les vitres opaques du monde et de s’aligner sur son Essence, d'atteindre ce que la tradition Zen nomme le non-Duel. L’imperfection est donc un chemin vers Soi, juste un chemin. Et le Soi est un trésor à chercher. Un Trésor qui s’invente à mesure que l’Ego s’efface, à mesure que les fausses richesses ne lui font plus d’ombre, pas après pas.

Les défis que nous avons donc à relever en cette vie, n’ont d’autre but que nous inviter à trancher le voile de notre Moi, non pour l’affaiblir mais pour affiner nos perceptions brutales et y découvrir notre Être profond. Le Moi, n’est en quelque sorte que la version brute du Soi, sa Pierre non taillée, celle qui accumule les aspérités et les surcouches qui nous isolent et nous séparent momentanément de notre axe. Les surcouches du Moi vont ainsi progressivement tomber, nous découvrant des accès insoupçonnés vers Soi. Ces surcouches sont les passions et l’aveuglement, qui ne sont en Soi ni bien ni mal. Elles sont le processus normal et le Plan d'Ensemble.

L’individu se distingue, et se faisant, il cultive sa différence, sa personnalité, son identification à telle ou telle particularité physique, culturelle ou sociale. Le Moi n’est plus seulement un attribut individuel, nous l’avons vu, mais il fédère aussi autour de lui une identification collective qui affaiblit l’individu et ses capacités d’autonomie. Ces identifications sociales se font et se défont sur la base de discriminations issues de signes distinctifs, de critères doctrinaux, qui creusent un peu plus le fossé qui nous sépare de la connaissance originelle de Soi. La séparation est alors totale, et l'égarement est une inconscience paradoxalement acceptable.

L’Ego est identification et au besoin par la force. Le Moi aime se rallier à ses idées propres et par natures conformes à lui-même, l'illusion du paraître, sa réalité. L’idéologie est ainsi l’outil intellectuel idoine lui permettant l’imposition de modèles et de schémas de pensées au détriment d’un autre, et inversement.

La Dis-parition du Soi!

La dualité se nourrit des oppositions, des affrontements, des contraires, des alternatives intellectuelles. La pensée distingue autant qu’elle paralyse. La pensée est un cul de sac qui engloutit le Soi. L’Ego est toujours une forme de faiblesse au regard de notre sublime origine voilée. Le principe créateur nous détache de la Perfection pour nous en rendre libre et voilà qu’un nouvel attachement à une réalité mentale asservit notre fraîche liberté à peine acquise.

C’est tout le paradoxe du principe de distinction. L’homme dispose de l’autonomie de principe mais il s’inféode à cet Ego. Le principe créateur lui accorde l’imperfection pour le rendre perfectible mais l’homme s’accommode de cette imperfection et ne souhaite pas lâcher prise à la pression qu’il subit au quotidien. Comme DREXEL le disait admirablement, il est comme le lépreux qui prend plaisir à gratter sa plaie.

Mieux, il s’inféode lui-même à une identification collective qui lui promet sécurité et confort. Il vaut guère mieux alors que la fourmi dans sa fourmilière.

Il n’a plus apparemment d’autre choix que de dominer ou d’être dominé. Toute la structure sociale se hiérarchise autour de ce modèle de compétition, depuis la plus tendre enfance.

L’Ego nous fait osciller en permanence entre l’identification individuelle et collective. La confusion sème le doute et la peur.

Cette imperfection, qu’elle se traduise par la surcouche du Moi ou par le décor formel du monde qui nous entoure, forme ainsi un mur, pour ne pas dire une armure, imperméable qui nous sépare de notre racine profonde, qui fonde notre perfectibilité et nous distingue du principe créateur. Cette imperfection est un cadeau. Notre Ex-périence de Vie, même douloureuse, met notre Moi à l’épreuve. Nous sommes, tour à tour, ballottés entre notre désir de liberté et celui de notre confort, l’un paralysant l’autre. Mais ce plan par trop horizontal, nous conduit toujours à l’impasse mentale si nous ne franchissons pas les marches verticales qui peuvent seules nous conduire à nous-mêmes. L’absurde, serait de rouler indéfiniment notre pierre, et comme Sisyphe, ne jamais nous en rendre libre.

Les luttes d’influence et de pouvoir que l’Ego génère, éprouvent les rapports humains (amoureux, sociaux…) dans des combats fratricides, incompatibles avec la nature même du Soi. La Paix qui n’est nulle par ailleurs qu’en Soi, puisque nous sommes Essentiellement Paix, bouge en nous au moindre mouvement de guerre. Nous ressentons toujours, plus ou moins clairement, ce désaxement qui nous remue. Et plus nous le ressentons, plus il s’opère un bouleversement graduel vers nous-même. Ce que certains appellent le sursaut quantique, est l’alignement vibratoire sur sa vraie nature, vers ce Monde moins grossier, par-delà nos perceptions habituelles. Une sorte de métamorphose qui nous rend peu à peu à notre version originelle.

L’Ego veut dominer. C’est sa raison d’être. Dominer pour ne pas être dominé par le Tout. Encore une fois essayons de ne pas juger en termes de bien ou de mal. Ce serait un échec de notre raison de le faire. Contentons-nous de sentir la nécessité de cette imperfection et sa promesse inhérente sur le chemin de l’expérience : l’éveil progressif.

Comment reprocher à l’homme, plongé derrière de tels pans de murs, si hauts et si imperméables, de vouloir marcher à l’horizontale et dans les traces de ses propres pères, de subir la pression énorme de tels filtres dans « le bruit et la fureur » Shakespearien de ce monde fou à lier. L’ignorance est une modalité de la Con-naissance. Le Fruit de la Con-naissance biblique une fois goûté est savoureux. Les sens ne doivent pas être perçus comme une perversion du Plan divin, comme les religieux ont voulu le faire entendre. Ils n’en sont qu’un outil. La con-naissance est bien l’Ex-périence humaine dans ce qu’elle comporte de plus imparfait mais aussi de plus Sublime. Le monde originel, le fameux paradis, symbolise le monde d’avant la création. Un homme et une femme Originels mais nécessairement insipides et sans buts. La Con-naissance est au principe de la Séparation et de la tentation, mais le péché est nécessaire à cette même liberté. D’ailleurs, Dieu quitte le jardin, il n’y reste pas : il laisse Adam et Eve, seuls, face à eux-mêmes. La Séparation est éminemment symbolique et non chronologique. Une nécessité Ontologique Première. Le dimensionnement par les sens, dans une Matrice d’imperfections, un Ego fort pour éprouver l’homme vers son Soi Sublime, librement. La Dualité est Con-naissance et la re-connaissance de notre dualité est un pas vers Soi, un acte de désincarcération Vital.

L’Ego n’est fondamentalement ni un bien ni un mal. Mais force est de constater que la Dualité creuse les différences et cause bien des souffrances dans l’histoire collective ou individuelle.

Chaque acte de pouvoir de l’Homme sur l’Homme, le rendant hermétique à sa propre Essence, élève ou renforce les murs mentaux qui l’isolent un peu plus de Soi et du Monde Originel. Il semble n’y avoir pas d’autre issue en cette vie que la mort mystérieuse face à laquelle il est totalement impuissant et dont il tente, coûte que coûte, de nier et reculer l’issue fatale, jusqu’à sa propre fin. La mort effraie et la société occidentale n’apporte aucune explication rassurante. Les religions se disputent au pire la pérennité de belles histoires, quand elles n’imposent pas, purement et simplement, des mondes infernaux supplémentaires, comme seule alternative à nos premières souffrances. Comme s’il fallait encore jouer sur les peurs pour imposer l’ordre social et en rajouter.

 

IV - Du Moi au Soi – De la dualité à la Liberté de Pleine Conscience

 

Toute l’histoire du monde démontre que les politiques humaines tentent de réguler, par essais successifs, les excès de l’Ego, soit pour en prendre le contrôle soit pour lui octroyer des droits et des libertés temporelles agréables. Parfois, les deux ! Le Moi est capable du meilleur comme du pire. Mais il faut bien admettre que l’Ego n’est jamais compatible avec le meilleur de Soi, car il en est la barrière naturelle.

L’Ego est comme tout pouvoir, comme tout outil d’autonomie, à la fois une arme contre Soi et une richesse vers Soi. Il est dans tous les cas le plus généreux des labeurs, car sans lui nous n'Existerions pas, nous ne Serions pas libres !

Il permet par l’épreuve des remises en question permanentes entre Moi et Soi, un dialogue entre matière et spiritualité, temporalité et intemporalité, Mental et Intuition. Prendre acte de ses erreurs et les assumer, les comprendre et ne plus les reproduire, voilà LE sage dessein, LE PLAN si complexe et si beau à la fois.

L’identification, l’inhibition, la personnalisation sont des manifestations temporelles, des cristallisations de l'âme dimensionnée aux enjeux de notre Liberté. Allons la chercher, là ou elle nous attend depuis Toujours. Ce monde n’existe pas tel que nous le percevons ; sentons en nous cette énergie puissante qui le fonde. Ne nous arrêtons pas aux frontières du connu, même si les autres nous raillent. Il ne s’agit pas d’avoir tort ou raison contre tous, il s’agit d’écouter le murmure de notre Cœur et les synchronicités qui nous guident vers le TOUT. Voilà le domaine irrationnel que la Foi propose. Un voyage inexplicable, qui n’offre ni preuves ni garanties, mais qui nous connecte à une paix et une sérénité profondes et intenses. L’instant se débarrasse de tous ses accessoires et déterminations Égotiques. Le Soi danse alors avec le reste du Monde.

Cette action de rébellion conduit au Cœur, et nous fait embrasser celui de l’Univers Originel. C’est un retour vers Soi, un retour à son Foyer, une immersion à la Source commune.

Ce jour vient en chacun de ressentir la flagrante évidence de tempérer les dominations subies et de sortir de cette logique de séparation. En définitive ce n’est rien d’autre que de rentrer en Soi, en son propre cercle. Nous étions hors de nous, nous redevenons ce que nous Sommes.

Il est indéniable que nous Soyons, de naissance à trépas, des parties vivantes d’une même Nature quelle que soit la forme dont on la perçoit et quelle que soit la réalité des ses composantes matérielles. Elles nous apparait et c’est suffisant pour savoir qu’on Ex-iste. On aura beau dire que la voiture sur cette route n’existe pas en Soi, si je me jette sous ses roues, cela fera très mal.

Mais nous avons surtout le pouvoir incroyable de nous détacher de cette apparence. Non en la niant mais en la perçant. Perce-Voir cette Nature comme notre Matrice d’imperfection vers Soi est la plus belle des prises de Conscience. C'est revenir à Soi, ne plus dis-paraître derrière un Mur. C’est la Foi au Présent. Dans un monde d'incertitudes et d'ombres, espérer est un acte de courage et un éclat de Lumière au Présent. Cette espérance n’est pas une attente. Elle perce ici et maintenant le Foyer de Soi. Elle y puise sa Force. Et l’Ego s’estompe immédiatement comme dissipé par la Lumière de Saint Jean. Nos masques qui nous protégeaient d’une nature castratrice car trop imparfaite mais qui nous conduisaient aussi à une souffrance substantielle, tombent alors, spontanément. Comme le prisonnier de la caverne, on découvre un Monde majestueux et le secret du monde percé on n’a qu’une seule envie : le partager. Se sentir moins seul dans cette déstabilisante découverte du Soi, de la décristalisation du Moi et du monde qui nous entoure.

On se rend soudain compte que rien ne nous entoure au contraire. C’est nous qui entourons le monde. On lâche sa pierre lourde et ronde, et l'on s'habitue à la Lumière du grand Jour!

 

V : Le Soi : structure Atypique Originelle

 

La voie du DEUX, la dualité c’est "chacUN" de nous face au monde et autrui. Ce rapport de perceptions et de relations est donc Séparation, par-delà bien et Mal, en vue de notre Liberté. On ne se perd jamais durablement. Le Dessein, le Plan, justifie momentanément l’Ego et les pires cruautés du monde qui répondent à des causes et des effets karmique régulateurs sur le Plan physique et Mental. Les formes du monde sont une cristallisation accessoire de l’Essence, au service de toute la Vie et du Soi. Ces limites sont hautement provisoires, car le temps n’existe pas en Soi. Notre Mental va s’affiner, sous l’appel du Soi et de ses évidences, et nous rentrerons de plus en plus à la racine de cette Matrice. C’est un processus long et difficile, qui ne dépend pas de la seule volonté. Il n’existe pas de secrets ou de techniques. Chacun avance et prend conscience de Soi sur le sentier, en fonction de paramètres multiples et de son propre bagage karmique plus ou moins lourd. La somme de nos expériences passées ou futures, de nos résistances à Soi, de nos acharnements à la possession, de notre Amour du pouvoir...etc Nos faiblesses, nos actes terribles parfois, subis ou causés au cours de nos vies antérieures, forment la masse des informations qui déterminent plus ou moins notre potentialité à ré-agir et à agir. Le mot déterminer est d’ailleurs sans doute mal choisi, car nous disposons d’une liberté totale, et dans la l'instant, d’action et de rébellion. Tout est question de Conscience. Mais il nous appartient de la mettre en œuvre, quand nous sommes prêt. Quand l’évidence nous est parue si claire, que plus rien ne peut plus nous influencer sur le chemin. Alors nous pouvons lâcher prise sur l’accessoire. Alors ce n'est plus une conviction seulement intellectuelle et de surface, mais une Réalité vécue et indéniable. Cette Foi profonde de l’Instant Vrai.

L’Ego ne peut plus être compris comme une bête dominante qui nous dévore, mais comme la sur-couche de notre Moi qui nous rend provisoirement imperméable à la Beauté. Voilà la troisième Voie qui s’ouvre. Celle qui mène à la Source, qui a toujours été là, puisque indivisible et éternelle, mais qui attendait notre retour : en Liberté. Ce troisième œil, ni parfait, ni imparfait mais dieu lui-même parmi les dieux. Nous sommes des dieux en apprentissage.

Cette impression de permanence ressentie dans son Cœur, par l’expérience, chaque fois que nous en sentons l’appel, est l’Originelle Source qui jaillit d’Evidence. Les brèches que la souffrance a creusé par nos résistances induites et absurdes, libèrent cette Lumière, des brèches creusées dans notre dure carapace de Caterpillar. N’est-ce pas des ailes qu’on aperçoit ? Nous ébranlons ainsi peu à peu toutes nos brutales habitudes et nos solides préjugés. Ce qu’on croyait certain prend l’eau de toute part. On est contraint à l’humilité et l’on visite des régions inexplorées, où l’on croise de grands initiés et de trop rares illuminés, en marche sur le même chemin que nous. On échange et l’on s’encourage, tous les signes nous parlent, et là ou le profane ne voit qu’une surface, nous y ressentons un puissant Rayon. On ne combat surtout pas l’Ego. On le regarde réagir et on le prive alors de son carburant : la peur et le doute. On le prive aussi de son décor en ayant déshabillé la nature profonde du réel et en en considérant la Beauté rayonnante cachée. L’Ego ne peut plus sur-vivre sans contradiction induite. On ressuscite de nos peines.

En empruntant cette voie verticale, on supprime ainsi toute influence brutale et horizontale. On est bien sûr toujours lié à ce monde matériel, mais on sait s’en abstraire et y puiser la profonde énergie. On re-connait aussi la naissance et la mort comme n'étant que des transitions. Et chaque seconde de notre vie est la plus profonde des transitions, un espoir renouvelé de se relever quand l’on chute encore sous la pression des foules.

Tout est harmonisé dans le Champ de notre Conscience, on réunifie ce qui était séparé mentalement, en adaptant nos fréquences et en nous alignant sur des fréquences bien plus intimes et moins grossières. Le monde est toujours solide, mais il rayonne, et chaque Rayon est Amour. Nos sens ne sont plus des freins ou des filtres, mais ils sont des réceptacles de cette Manifestation Sublime. Nous ne passons plus simplement le monde qui nous entoure à l’examen superficiel de nos yeux, mais à la focale de notre Cœur qui était aveuglé jusqu’alors par l’épais paravent du Mental. Nous nous fondons, en Conscience avec l’Essen-Ciel, sans nier l’accessoire, mais en lui rendant hommage et respect. Nous nous sommes allégés de tous nos métaux mentaux lourds pour pénétrer dans le merveilleux Temple de Soi.

La dés-identification n’est pas un risque vers le néant, c'est le Soi libre qui participe à l’Harmonie de l’ensemble et qui s’active à passer cette lumière, en la diffusant le plus possible pour rassurer ceux et celles qui sont prêt à ce grand saut vers eux-mêmes.

 

CONCLUSION :

 

On n'a peur de l’EGO que quand il nous fait mal. Et généralement plus on le combat, plus il se renforce et plus la douleur est grande. La Peur est son principal carburant. N’ayez plus de crainte. Ne lui donnez pas l’importance qu’il n’a pas. L’EGO est aussi le processus Naturel de notre Éveil, car sans lui, nous ne serions pas vivants. En revanche soyez convaincus que vous ÊTES, bien plus que ce MOI de souffrance, et il ne tient qu’à vous de descendre les barreaux de l’échelle en colimaçon qui vous mènent au SOI. La trappe est cachée quelque part sous cet EGO. Un jour vous la distinguerez totalement et vous vous y glisserez sans crainte. C’est le dessein des âmes en quête que de s'aligner à elles-mêmes, en Conscience et Confiance.

L’Essen-Ciel n’est pas une idée, elle est le Fondement, auquel chacun peut et doit prétendre, que chacun reconnaît un jour, intimement, ici et maintenant. L

 

Bientôt, l’Épée ne tranchera plus par l’EGO, mais elle rassemblera par le SOI.

Rien ne coûte plus à l'homme que de suivre le chemin qui mène à lui-même.

H. Hesse

L'homme est lui-même créateur de son ciel ou de l'enfer, et il n'y a de démons que ses propres folies.

Eliphas Levi

C'est par la blessure que la lumière pénètre en toi.

Rumi

Aux confins du Soi - Deuxième partie