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Chris le Gardien auteur
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La Porte : symbole à la croisée des mondes ?

La Porte : symbole à la croisée des mondes ?

La Porte : symbole à la croisée des mondes ?

La porte est un symbole riche qui parle naturellement à chacun de nous, indépendamment de toute connaissance intellectuelle ou culturelle.

La porte ouvre sur des vérités plus ou moins sensibles. La 4 ème lettre de l’alphabet DALETH, signifie « porte » en Hébreu, et a la valeur 4, comme les quatre cotés de ce rectangle fermé.

Je préfère laisser voyager mon esprit à la rencontre des images que cette porte m'inspire. Parfois, au hasard des rencontres ou des lectures, je suis frappé par la pertinence des intuitions qui jaillissent soudain comme des correspondances venues d’un autre monde, par une porte dérobée de l’esprit?

Que nous disent les astres savants ? Le cycle solaire part de l’est, voyage ainsi d’Orient (porte des dieux) en Occident, où il vient terminer sa course à minuit. La porte se ferme à cet instant sur la Lumière. S’impose alors d’évidence pour tout cherchant, plongé dans les ténèbres, une mission de génération de la lumière, quintessence dont il est un filtre. Nous entrons et sortons par la porte, non des dieux, mais du couchant et donc, celle des hommes. L’humilité à laquelle renvoie, une autre porte - la porte basse.

Je sais ce qu’est une porte et l’analogie que tout homme doué de raison peut en déduire : Une correspondance entre deux espaces distincts. Le monde induit des murs et donc une porte : Il y a de part et d’autre d’une porte, deux espaces bien délimités, un extérieur et un intérieur.

L’image absurde d’une porte posée au milieu de nulle part m’apparaît. Par pur esprit de contradiction sans doute? Car quel usage aurait, en effet, une porte sans un enclos? Nul besoin de porte dans un lieu devenu uniforme et sans murs. Pour franchir un mur, il faut une porte associée, parfois bien cachée. Il reste qu’une fois trouvée, il faut encore pouvoir l’ouvrir. La porte marque une opposition entre des lieux qui sont distincts, délimités, séparés par des murs. On peut parfois être dos au mur ou à son pied, mais il y aurait bien là un cul de sac, une impasse. La porte, même symbolique, permet précisément de s’affranchir des limites naturellement imposées par l’espace et par le temps.

 

La porte est un passage qui ouvre des horizons : le franchissement horizontal. Une porte profane se franchit dans les deux sens en « indoor » et en « outdoor».

La porte fermée isole ou protège. Ouverte, elle conduit vers un ailleurs. La porte ouvre sur un nouvel horizon en étendant les limites de l’enceinte naturelle.

Il y a donc toujours un passage « in » et « out » d’un côté à l’autre; d’un intérieur vers un extérieur ou inversement. Grâce à la porte, j’élargis mes connaissances en explorant un autre espace. Dans cette circulation de pièce en pièces, d’espaces en espaces, j’ouvre et je ferme des portes vers des espaces connus, reconnus ou inconnus. Je sors de chez moi. Et comme l’allégorie de la caverne je regarde le monde autrement. Je voyage n ’est ce pas ?

Par analogie, le monde temporel naît d’une entrée, passage à la vie, se poursuit par une progression dans le temps et l’espace de notre vie et se termine par une sortie que certains sont en droit de penser définitive. Le Monde, est bien une construction à volume fermé et couvert, avec des pièces que l’on explore, une à une, et des portes multiples que l’on franchit, dans un sens ou dans l’autre.

On ouvre peut-être beaucoup trop de portes en proportion des faibles horizons que celles-ci nous offrent. Et combien de souffrances accumulées malgré nos efforts ? Quand on a réglé nos petites névroses personnelles il faut s’attaquer au grand mystère de la Vie et en définitive, nous passons notre vie, de portes en portes, d’espaces intellectuels en espaces affectifs, de temps en temps, d’un chemin à l’autre. Nous cheminons d’un extrême à l’autre et demeurons finalement immobiles sur un plan horizontal plat et sans réel horizon. Nous bougeons les meubles de notre espace intérieur. Nous faisons du Feng Shui mental ; en demeurant dans l’horizontalité. En croyant franchir un nouveau seuil et le bon, nous restons finalement sur le seuil de la maison, derrière une porte désespérément close et à la condition de l’avoir trouvée seulement. Nous roulons notre pierre comme Sisyphe sans fin, et nous nous habituons au sens de l’absurde.

Les portes mentales et profanes sont aussi nombreuses que l’espoir de renouveau qu’elles font naître.

 

La porte d’occident comprend un système de verrouillage « 3 points » qui assure la sécurité des lieux, leur consécration en rendant le lieu hermétique.

Une enceinte est par nature fermée pour se protéger de l’extérieur. Nous maçons, connaissons bien l’expression « se mettre à couvert », ou « il pleut », ce qui, soit dit en passant, peut paraître paradoxal dans un Temple sans toit, ouvert sous la voûte étoilée. Loin s’en faut, puisqu’il s’agit en réalité d’un lieu initiatique, hermétiquement clôt et donc consacré et ouvert sur la voute étoilée.

Quoiqu’il en soit, la porte d’Occident rend le lieu imperméable aux tentatives d’intrusions. La porte maçonnique dispose d’une sécurité « 3 points » ! Une « clé » qui lui est propre.

Dans de nombreuses traditions ancestrales, les temples sont symboliquement protégés par la présence d’un gardien qui assure la surveillance active de l’enceinte physique. Ce n’est pas sans me rappeler le Dieu JANUS, gardien du seuil. Le Temple est ainsi hermétiquement clôt (Hermès, Dieu de la connaissance) préservé des agressions profanes. Le passé ne "passe" plus sur notre Présent. Il est maintenu derrière les murs hermétiques. L'avenir ne peut être atteint sans passer une nouvelle porte...et ainsi de suite. Chaque porte, est un passage de présent en présent.

Dans la plupart des sociétés initiatiques, le gardien du Temple couvre l'entrée des Temples. Mais il faut aller plus loin. Pour entrer dans le Temple il faut d’abord, et bien sur, être initié, et disposer de l’ensemble des mots, signes et attouchements nécessaires pour se faire re-connaître comme pouvant entendre les mystères sacrés qui sont préservés de la curiosité profane. Dans ce cas, la clé de la porte d’entrée du Temple est intrinsèquement liée à l’initiation elle-même.

La porte d’occident est bien un seuil protégé, une transition d’un lieu à l’autre, d’un monde à l’autre, d’une habitude à l’autre.

Clôturer des cycles est donc un principe de vie assumé et irrémédiable. D'une part parce que ces transitions sont la nécessité même du mouvement et de l'impermanence, et d'autre part parce que l'Ici et Maintenant, la seule vraie Pleine Conscience de l’Être véritable et immuable, ne se situe pas dans cet espace-temps. Il nous faut sans cesse ouvrir et fermer des portes, pour nous rendre à sa rencontre. Ces portes, horizontales ou verticales, sont les secondes de nos vies. Le temps qui passe, nos pas qui nous font Ex-ister, notre Coeur qui bat et qui nous IN-spire...Mais cette porte vers Soi, combien la trouve vraiment un jour, et comment bien la franchir.

 

La porte d’occident : une porte verticale de sagesse, porte du paradis ou porte des enfers ?

« étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie et il y en a peu qui le trouvent. » Matthieu ,VII,14.

Matthieu parle d’une porte « étroite ». On ne parle pas ici des portes multiples de nos expériences horizontales personnelles, toutes temporelles et subjectives, de nos doutes, de nos souffrances d’hommes, de nos connaissances plus ou moins subtiles. Matthieu nous parle d’une porte verticale de sagesse.

Cette porte n’est pas sans nous rappeler, la « porte basse » franchie humblement, courbé en profane ; elle nous ouvre sur une dimension particulière et définitive de l’état initiatique. L’initiation ne produit aucune transformation miraculeuse, sans effort ; mais ce passage de l’état profane à celui d’initié est, en soi, un degré vertical de franchissement. Le profane renaît en Initié.

L’initiation n’est donc pas qu’une simple cérémonie de « passage ». C’est la « consécration » d’une vraie naissance ; une nouvelle temporalité individuelle dans un temps et un espace con-sacré. On passe en aveugle la porte située à l’occident du Temple une fois initiés, nous la franchirons dans l’autre sens, sans entrave, le regard libéré, ce qui marque l’opposition réelle entre la pénombre qui règne dans le monde profane et la lumière qui préside aux travaux dans le Temple.

En revanche cette porte ne se franchit pas sans mérite, sans investissement personnel. La magie n'est pas à l'extérieur de Soi, la porte ne s'ouvre pas sans Soi, car la sagesse est un chemin (le gama) une droite, une ligne ascendante en géométrie et comme le dit le Bouddha, ce chemin est inséparable de nous même. La lumière n’est donc pas acquise. Elle est mystérieuse et en tant que mystère, elle ne se reçoit au mieux que grâce à une concentration persévérante.

 C’est ici que la lettre DALETH et sa valeur 4 résonne en moi. C’est la porte qui mène en OUTDOOR vers le matériel, (4 chiffre de la matière) où la lumière de l’EINSOF (L’infini) s’appauvrit. Et quel travail reste à accomplir au gré de notre persévérance et assiduité personnelle. La porte franchie en INDOOR, il ne se passe rien d’ immédiatement palpable, on ne trouve rien d’autre qu’un Soi-même dé-construit : tout reste à re-construire. Marcel Proust disait « on ne reçoit pas la sagesse ; il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous. » Derrière la grande porte paradoxalement dite « basse » en signe de notre propre humilité, il n’y a rien qui nous soit donné de comprendre sans un effort personnel, sans l’investissement permanent de notre conscience, sans un éveil progressif, l’éveil progressif de notre conscience ne suppose aucune révélation, aucun miracle. C’est le travail, la progression, la recherche bien sur aussi de nos portes horizontales intimes qui permettent de cheminer et de recueillir, après l’avoir semé, le fruit de notre labeur.

Nos voyages intérieurs, ne nous isolent pas du monde extérieur, ils le con-sacrent, mais pour mieux nous y confronter, en conscience, avec le regard du cœur. Pour y trouver la paix et être un exemple même de cette paix. L’amour préside-à la construction de notre édifice.

Il s’agit bien de faire tomber les frontières temporelles et aveuglantes qui nous bouchaient l’horizon, de contribuer à faire idéalement tomber les murs de l’ambivalente condition humaine, tout en reconnaissant que la matière du monde ne peut se passer de cette ambivalence, sauf à n’être qu’une porte sans murs, qui est une utopie. En revanche, la permanence de l’Unité, la Lumière apprivoisée progressivement grâce à notre travail et à notre persévérance, illumine le monde.

La porte d’Occident ouvre bien sur le chemin sacré, consacré qu’il reste à parcourir à intérioriser pour construire l’Édifice dont nous sommes les constructeurs.

La porte d’occident est en quelque sorte aussi cette brèche spatio-temporelle qui permet la ré-génération, la quintessence de la Lumière, qui en tant que but et moyen, nous accompagne dans nos travaux et éclipse nos ténèbres personnelles. Ne venons-nous pas recharger nos batteries dans le T en franchissant cette porte INDOOR?

Cette participation à l’œuvre, cette co-construction du monde, dans le temps con-sacré et protégé - au delà la porte d’occident en IN mais aussi en OUT, dans le monde profane - sont l’œuvre Intime. Le travail permanent se nourrit de son propre mouvement. En vérité, il n’y a pas de discontinuité entre le dedans (INDOOR) et le dehors (OUTDOOR), juste un niveau à franchir et une mission à accomplir. Enfin, cet endroit sacré, berceau de la lumière qui n’est jamais saisie par les ténèbres, doit être préservé.

Pour que la vérité se partage il faut que le seuil soit franchi dans les deux sens par ceux qui en sont dignes et protégés des curieux ou malfaisants qui ne le méritent pas.

 

La lumière jaillit de l’obscurité.

 

 

Nous sommes bien dans cette quête de lumière, dès notre entrée dans ce monde et que nous souhaitons répandre ensuite dans le monde, au seuil, avant de sortir :

Tout cherchant de Lumière a été un profane qui a subi l’initiation et qui retourne dans le monde duel (maison : BETH : chiffre 2) et ambivalent, armé de ses seuls outils initiatiques. La porte du Temple devra être franchie 2 fois par mois au minimum et combien de portes intimes et d’horizons seront ainsi découverts.

« Frappez, on vous ouvrira. » On peut donc dire, sans trop se tromper, que la porte dite d’occident nous ouvre en IN à l’hermétisme discret, berceau de la Lumière que nous demandons à l’entrée, l’œil fixé vers l’Orient ; Et en OUT, elle se re-ferme sur les ténèbres que nous regagnons, mais qui en proportion de nos con-naissances n’ont plus de prise sur nous (ou dont nous tentons de limiter la domination mentale). Enfin, cette porte ne garde pas égoïstement cette Lumière mais, elle s’ouvre lorsqu’un profane frappe à la porte du Temple. Elle est donc bien plus qu’une porte symbolique comme une autre. Elle est une porte verticale de sagesse qui se nourrit perpétuellement d’Humanité, dans un sens comme dans l’autre et sans enfermement ou porte close secrète.

La porte d’occident, est donc une porte à la croisée des mondes qui symbolise bien la symbiose entre deux espaces temps. Celle de la vie temporelle et celle de la vie initiatique. Un intérieur et un extérieur spatial, aussi bien que spirituel. La porte d’occident est d’ailleurs soutenue par les deux colonnes J et B qui sont symboliquement placées dans la loge mais aussi à l’extérieur du Temple. De sorte que l’initiation nous permette d’élucider ce lien intime et ambivalent entre dehors et le dedans ; La lumière dissipe les ténèbres mais ne les anéantit pas. Le pavé mosaïque le symbolise très clairement.

 

Le pavé mosaïque affirme les frontières marquées et nécessaires du monde ; un aller-retour permanent d’une case à l’autre.

 

 

Sans doute devons nous considérer aussi le côté de chaque carré comme un seuil qui nous fait passer du blanc au noir, de sacré au profane, de l’obscurité à la lumière de façon méthodique sans chercher à rompre avec l’ambivalence, ce qui reste un objectif idéal. Si le pavé mosaïque était un grand pavé juste noir ou juste blanc il ne serait plus un pavé mosaïque n’est ce pas ? La dualité ne doit pas rester un combat mais devenir une symbiose des contraires.

En passant d’Occident en Orient, nous poussons la porte du Temple, nous quittons le monde profane nous passons de chambres en chambres et commençons nos travaux à midi plein. A l’inverse, lorsque nous terminons nos travaux et que les ouvriers sont satisfaits ils promettent de répandre partout cette lumière. Ils ne sont plus dans le monde sacré à l’abri du monde profane.

On ne grandit pas seul UN, ni hors du monde-matière. La relation dans le monde manifesté, le 2, le "par êtres", aiguise notre regard et nous guide dans le courant du paraître à l'Etre. Le frottement aux autres est le propre des relations sociales et de l'évolution individuelle. C'est en se détachant de la falaise uniforme que la pierre tombe dans l'océan et deviendra un jour un beau galet unique.

Les émotions extrêmes aussi toxiques que magnifiques, nous suggèrent d'ouvrir les portes horizontales vers Soi par l'aventure de l'autre, clé par clé.

Le bonheur ne consiste pas à marcher aux extrêmes, à passer de l'un vers l'autre, à n'être que charnel ou que spirituel; A nous isoler ou à nous fondre dans la foule. Le secret ce n'est sans doute pas le juste milieu, qui n'existe pas; Le secret c'est l'équilibre. C’est sans doute un peu de cette lumière qui éclaire nos travaux et dont nous gardons la flamme inaltérable en nous au contact, dans le monde profane. La Lumière de la conscience dissipe, même temporairement, même imparfaitement les ténèbres de l’ignorance. Et il serait bien présomptueux de vouloir vaincre à soi-seul, l’obscurité qui nous précède. Il faut cheminer et persévérer.


Il reste que tout reste à construire pour bien habiter le monde et l’éclairer le mieux que l’on peut, chacun à son niveau, en Humanité jusqu’au franchissement peut-être ultime de la porte de l’orient éternel si cette « porte de la mort » existe ; et le cas échéant, peut-être pas sans retour.

Ce ne serait, là encore, et dans cette espérance, qu’un au revoir...