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Chris le Gardien auteur
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Un jour soudain on sait, un jour soudain on voit!

Un jour soudain on sait, un jour soudain on voit!

Un jour soudain on sait, un jour soudain on voit!

Proust écrivait sur nos souvenirs et sur ce qui retient le passé, que « l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes »

Oui, l’enfant est comme la cire molle sur laquelle la vie, tel un sceau s'imprime. Je crois que c’est Aristote qui exprimait cette capacité de l’Homme à retenir le passé. Certains souvenirs nous collent à la peau.

Cette image me parle parfaitement.

On ne choisit ni sa famille ni nos épreuves en cette vie. Pourtant, certaines nous font grandir très vite à force de chutes, ou nous élever définitivement au gré de l’Amour de Soi recouvré, grâce ou malgré les autres, surtout grâce à nous-même.

Peut-être que le secret est de parvenir à ramollir notre cire durcie par nos années de souffrance, pour nous débarrasser des impressions douloureuses qui nous ont durcies et afin de remodeler notre âme déformée ?

Ça sert à ça la tendresse de l’Amour ?
 

Ce que mon enfance a perdue ? Un axe et un guide, un référent qui ne fausse pas le sens de la Vie et qui me conduise avec bienveillance, sur le chemin de Soi et de l’Amour.

Oui. Trop d’enfants ont perdu ce sens, trop vite, trop tôt. Une vie gâchée pour rattraper le temps ne suffit d'ailleurs plus. Il en faudrait tant d’autres pour comprendre l’Amour qu’on n’a pas reçu en celle-ci, ni celui d’un père, ni celui d’une société.

L’enfant, qui a vécu la terreur en protégeant sa mère – d’instinct et malgré leur fragilité mutuelle – a été prostré de peur sous la violence des cris et des coups dont il était le témoin. Tiraillé entre l’amour et la violence il a dû prendre position, s’opposer, réagir…

Il a dû développer, pour survivre à l’insupportable monde des adultes, des mécanismes de défense et de protection personnels et prématurés, tant ses parents qui devaient lui garantir un cocon aux premières années de sa vie s’en sont abstenus. Il lui faudra, depuis lors et toute sa vie, se battre pour exister un peu et trouver sa place dans ce monde si familièrement “hostile”.

Certains parviendront à retrouver leur équilibre en mobilisant en Soi tout l’Amour et le pardon dont ils sont capables dans une structure originale, dévoilée positivement par cette expérience douloureuse.

D’autres y renonceront et, cédant sous le poids désespérant de l’absurde violence qui fut leur seul modèle, ne trouveront plus jamais la Beauté en ce monde.

Tous auront vécus un point commun à compter de ces tristes instants lugubres : ils savent ce qu’est l’enfer sur terre dans leur chair.

Relevant cet incroyable défi, qui commandait à leur Amour blessé d’être plus fort que la peur, les premiers soignèrent et régulèrent comme ils purent ce traumatisme douloureux, éludant l’absurde domination des forts par une créativité renouvelée qui restaurera leur enfance perdue.
 

Je fais partie de ces enfants revenus à leur innocence trop tôt effacée.

J’ai retrouvé le sens de l’Amour, en développant très vite et très jeune l’intuition et la transcendance d’un monde non matériel et, par nature, non violent. Était-ce une fuite ou un refuge dans le spirituel, en réaction à la grossièreté du matériel? sans aucun doute. Je cherchais le bonheur là où il ne me ferait plus mal.

Mais la spiritualité n’est pas toujours une garantie de bienveillance. Les forces noires nuisent au moyen d’énergies similaires à la Lumière des mages blancs. La Lumière inversée est animée d’intentions de possessions et de dominations. Il en va ainsi depuis le début des temps.

Seul notre Cœur peut comprendre et savoir ce qui le libère ou bien l’enferme. La spiritualité toute extérieure à Soi n'y conduit parfois jamais.

L’évidence et l’Amour, qui sont la vraie Lumière, ne s’imposent pas de l'extérieur et n’ont aucune valeur marchande. Ils sont le bien commun universel qui est la Source première et ultime. Ni gourou ni dependance! Juste Soi en révélation, ici et maintenant.

Le bonheur, n’est-ce pas l’âme qui se souvient ? Mais nous ne devons pas nous souvenir comme on nous l’a appris. La mémoire est sélective, temporelle et parfois pesante. Parfois même elle est simplement inutile, car la souffrance demeure et la cause reste invisible.

 

L’âme qui se souvient est une âme qui s’est d'abord débarrassée de ses armures de préjugés.

Nous habitons soudain pleinement le Soi Originel que nos blessures cachaient et nous cessons de générer et de régénérer ce Moi qui nous abîmait et nous recouvrait de peurs et d’identités illusoires.

Oui, je me suis soudain souvenu que le monde ne ressemblait pas à cette violence, à ce monde-là, médiocre et étriqué, fait de passions et de douleurs. C’était celui des hommes, pas le mien !

J’ai compris enfin, combien nous étions tous victimes de nos schémas et de leurs répétitions jusqu'à ce que nous les comprenions vraiment.

On s’identifiait à l’image d’un héros ou d’une victime et toute notre vie en dépendait. Pourtant … ma souveraineté ne dépendait de personne d’autre que moi.

Même si l’on m’a fait du mal, je devais pardonner au passé et au bourreau. Ils sont des illusions, des ombres qui ne nous hantent que si on les nourrit.

En leur offrant mon attention et ma haine, je m’oubliais. En me souvenant de qui je suis, je me restaure en Paix et en Force.

La résilience n’est pas une méthode froide ou un mot savant. La résilience, c’est la vocation de toutes et de tous sur le chemin de notre vie, car toutes et tous, nous avons été la proie d’un monde grossier et d’intentions vulgaires.

Se souvenir de qui nous sommes vraiment, c’est faire renaître l’enfant égaré et sa pureté originelle. C’est battre tous les masques et faire tomber toutes les armures auxquelles on s'identifiait par l’ersatz déformant du Mental dé-formant. C’est surtout s’alléger magiquement de toute la lourdeur illusoire de ce monde.

 

Qu’il est bon de recouvrer la Joie. Et peut-être, qui sait, si ces souffrances et ces peurs subies trop jeunes, n’auront pas été pour moi la chance de mon opportune et nécessaire rébellion. Sans elles, j’aurais peut-être emprunté la voie d’un confort et d’un conformisme endormis ? Cette même voie qui nourrit les monstres et leurs victimes.

En vérité nous n’avons pas de mauvaises histoires. Cette souffrance puise sa racine dans l’illusion du temps et de la séparation au sacré que nous cultivons.

Se souvenir de Soi, c’est plonger alors dans l’éternel Présent. C’est sortir de la logique des causes et des effets temporels limitants. C’est marcher sur le seul chemin qui fait sourire notre âme et lui rend sa Beauté.

Demain n’existe pas. Nous ne respirons qu’au présent. L’instant est notre oxygène. Le meilleur c’est toujours “maintenant !”, jamais “plus tard !”… Le meilleur n’est jamais demain, mais le pire n’est jamais cet "hier" qui perdure et qui nous enferme.

Nous ne sommes Libres qu'au Présent. , jaillissements de Liberté imperturbable. Voilà notre vraie Puissance dévoilée soudain. Voilà la fin ultime de tout Éveil : s’y re-connaître!

Les autres ne sont plus un problème, car je ne suis plus un problème pour moi. Voyez-vous le problème du monde est d’ériger la vie en problème et d’y croire.

Si le problème c’est les autres, je suis le problème, car je suis comme et contre les autres. La solution est d’être Soi, avec les autres c’est-à-dire autonome (différent et libre). C’est ainsi que naît d’ailleurs la fraternité, c’est-à-dire l’Amour authentique et interpersonnel, en chacun.
 

Il n’est de richesse que de rencontres, encore et encore, à l’aune de nos joies profondes, de partages qui ne se limitent à rien, de dons de Soi sans attentes ni même de retours, de cadeaux qu’on s’offre mutuellement et librement, sans possession, ni liens ni attaches, jamais!

L’abondance n’est rien d’autre que la Joie du Cœur. Posséder des biens extérieurs ne remplira jamais un cœur vide. La plénitude est riche de ce qui ne s’achète pas.

Illimités, nous n'avions de cesse, sans le savoir, de marcher ensemble, les uns près des autres.

On s’éloigne, on se rapproche, on s’identifie, on se trompe, on se reconnaît, on ne se comprend plus… qu’importe. Ni le temps ni l’espace ne désolidarisent les cœurs souverains et éveillés.
 

Un jour on sait, un jour on voit ! Le Mental seul nous condamnait aux chaînes et aux larmes des deuils et des séparations.

Nous savons du fond de notre âme et depuis toujours, que nous sommes Unis au Présent du grand Soi-Source. Le grand voile de l’oubli n’est qu’un mauvais rêve.

Nous sommes riches que de ce Soi qu’on fuyait malgré nous. Le retour à Soi est la Révolution, une apocalypse de douceur.

Il n’existe aucune méthode, aucun chemin, personne, en dehors de nous-mêmes pour nous retrouver. Bouddha avait raison  : nous sommes notre propre chemin. Nous sommes la cire dure ou molle. Nous sommes la saveur âcre, amère ou douce et sucrée.

Attention donc à la spiritualité qui creuse des cernes sous nos yeux et qui ne nous remplit d’aucune joie durable.

Attention à cette souffrance qui réduit nos perspectives et est la marque tangible que nous nous sommes éloignés de nous-mêmes.

Ne gardons que les odeurs et les saveurs qui nous ont fait vibrer, et non celles qui nous ont fait pleurer.

Soyons assez tendres avec nous-mêmes pour effacer nos impressions froides et dures. L’âme est une pâte à modeler sublime. Rendons lui sa forme originelle. 

Quand l’âme se souvient enfin d’elle-même, elle ne peut plus subir la souffrance qu’on lui imposait. Elle pleure encore souvent, mais elle sent la seule Joie qui est possible et nécessaire en l’Homme. Sa vocation et sa seule obsession, est de ne plus perdre cette Lumière sous le voile sombre de notre Histoire.

Et je laisserai à Proust la joie de conclure : « Le désir de vivre renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté du bonheur. »

 

Chris le Gardien. Juin 2020.

Vous ne pourrez jamais échapper à votre cœur, alors le mieux est que vous écoutiez ce qu'il a à vous dire.

Paulo Coelho.

Il y a de l'étonnant et de la beauté dans ce qui paraît le plus simple:
tu n'as qu'à extraire

Jules Renard.

La Nature nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte;
Ce signe est joie.

Henri Bergson.

Le temps passé dans l'amour n'est pas du temps mais de la lumière.

Christian Bobin.

Combien d'âmes réellement vivantes dans ce grouillement d'êtres humains?

Léon Bloy.

L'amour, c'est quand la différence ne sépare plus.

J.B.Busset.

Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes.

Proust. La chambre, enfer ou paradis ?

Un jour soudain on sait, un jour soudain on voit!