La Vie… Cette fragilité qui nous rend forts, consciemment et sans tricher. Bien sûr la faiblesse parfois regagne du terrain et nous rend à notre implacable imperfection terrestre, mais y aurait-il du mérite si nous n’étions que lumière, sans l’ombre qui nous révèle ?
La seule parole intelligible aux hommes, de celui que nous nommons “dieu”, est celle du chaos de sa création.
Nos imperfections sont la vie même qui jaillit brute, puis qui s'ordonne en conscience et en chacun. Elles allègent peu à peu le poids de nos certitudes et de nos mécanismes sans âmes.
Ces masses informes et ignorantes, au Mental cristallisant, passent sans se voir ni s'aimer. Si nous sommes la créature, nous sommes aussi le créateur des formes qui nous égarent. On oublie alors qui et quoi, pourquoi et comment, quand nous sommes éloignés du Centre qui est Conscience inaltérable.
Je rentre dans le Silence ultime, et je trouve en ce Centre, l’ineffable sacré, mon unité essentielle et sans cause qui est la toile invisible et éthérée des choses sensibles qui m’englobent et dont je suis l'unique cause.
Voici la Source d’où tout se cristallise et se décristallise.
Sans Conscience, le monde n’est qu’une immense coquille creuse, un dédale de murs ternes où se perdent et meurent les héros d’en bas sans foi, terre infiniment glaciale pour les âmes égarées.
L’amour seul sait réchauffer l’immensité froide des formes et rendre son sens initial à la vie bruyante et grouillante de ce globe vivant ; le langage de l'âme rend au monde de surface son sens profond.
La Paix peut enfin régner dans les cœurs, quand les guerres ne font plus échos dans nos âmes soudain habitées par une lueur de conscience. Aucun argument n’est alors utile. La raison ou l'intelligence ne sont pas les amis du Silence souriant. Quand dieu parle, il crée un monde multiple aux formes séparées et éphémères.
Oui. Ce monde a besoin d’Amour pour exister vraiment. Non qu’il soit manque. Il “EST” ! l’Amour, remplit le moindre interstice du visible et au-delà, mais il manque de conscience d’Amour. Il manque de la vraie parole perdue, ce Verbe qui est en réalité le plus souverain des Silences, au travers tous les bruits du monde.
Quand dieu parle, je m’exprime et respire, mais est-ce que j’écoute vraiment la création? Suis-je réellement présent au monde que j’habite, ou au monde qui m’habite ?
Le temps m’enclave, m’emporte dans un tourbillon absurde : celui d'une vie sans lumière, et donc sans conscience, celui des lumières artificielles et des silences vides qui accompagnent nos journées maussades et nos soirées de solitudes.
Le monde, ce sont des cris bruyants et absurdes, sans Conscience, mais il a vocation à se comprendre et à se reconnaître. Alors, le temps me libère.
Le cœur des hommes et des femmes est ordre et chaos. L’expérience de l’Amour est la conscience d’une harmonie possible dans un monde brutal. C’est ainsi que la douceur devient évidence, c’est ainsi que les cœurs dansent, au juste rythme des âmes pas pressées
Le chemin est long du bruit au Silence, des fers de nos geôles mentales à la libération de notre éveil de Conscience. Soudain “dieu” se tait, mais pour mieux parler. Peut-être que le Verbe originel d’avant la chute des hommes, d’avant leur égarement est le Silence, une grande bouffée de Silence plein de Soi ?
Je rejoins alors, au cœur des formes vulgaires, l’originelle Beauté qui rayonne et résonne en chaque chose. Quand mon cerveau s’endort et que les lèvres se taisent.
Suis-je ce “dieu” en gestation de Silence et de Paix, au milieu d’un monde grouillant d’informations tous azimut ? Un jour, l’Axe du monde jaillit et me rend la liberté d’être “UN” au milieu du multiple. Moi qui passais sans m’aimer, j’écoute désormais le Silence du monde.
L’ultime Beauté est muette, mais elle me dit tout.
Il n’y a plus de séparation dans le Silence. Tout est concilié. Ré-concilié, comme l'Unité, première et dernière, transfiguré. L’autre est redevenu Soi. Seuls les bruits élèvent des murs et des frontières. Le Silence réunit ce qui était désuni.
Si tu crois en l’autre, ne le prie pas, ne te mets plus à genoux devant lui. Allie toi en confiance à lui, malgré le risque de l’imparfait qui assombrit le futur. Il n’y a pas d’autre amour qu’inspiré et vivant, pas d’autre amour que deux présences qui habitent le monde, avec la passion des créatures fragiles.
***
Le spectre des couleurs :
Les effluves de notre âme endormie,
Qui sent dans sa torpeur,
L’essence de sa beauté affadie.
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Chaque seconde porte témoignage de l'éternelle Lumière libérée, à notre image, imparfaitement certes, mais fidèlement.
Les mots importent peu alors. C’est l’eau sans la rigole qui m’inspire et ne m’aspire plus. Mais la rigole donne un sens au courant de mes passions et des débouchés.
C’est donc une rigole que je creuse vers vous, qui permet la jonction ultime de qui nous sommes en conscience et en Unité, ces torrents nous réunissent, par l’eau qu’ils contiennent et puisent, entre ciel et sol.
La Lumière ne se laisse plus jamais emprisonner dans une forme en particulier, quoiqu'elle puisse rayonner en chacune au gré de notre regard ou malgré lui.
La Lumière n’appartient plus à personne, elle est la substance qui ne cesse d’éclairer, même quand le soleil se couche.
La Lumière est mon enthousiasme, au milieu des tourments. On ne triche pas dans la vraie Lumière qui ne montre que l’Essen-Ciel et se moque des futiles attentes qui consomment du faux et du plaisir fugace, sans conscience de la beauté qui l’habite.
Qui n’a pas percé au grand jour, le cœur des choses, s’arrête au bruit et devient sourd à soi-même, jusqu’au bout de sa courte aventure.
Je suis un homme ordinaire qui transmet l’extraordinaire, simplement parce que le Sublime que je perçois ne m’appartient pas. Il germe en chacun de nous, à la condition ultime de le rendre tangible à soi-même. Puis naturellement, on tente de le porter à la (re)connaissance de l’autre, notre prochain. Voilà l’enthousiasme d’une vie con-sacrée à la Vérité et à sa Lumière.
La Lumière n’est pas un concept. Elle est la substance de l’âme, son corps impalpable et son oxygène pur. Ce n’est pas une certitude. Il est des certitudes qui ne résonnent pas et qui pourtant nous cloisonnent dans des préjugés. Non. C’est une foi bien plus intime, perméable à l’immuable qui anime les choses mortelles.
***
On croit que le ciel est au-dessus de nos têtes, alors, on lui tient tête notre vie durant, mais on a fait quoi aujourd’hui sous le soleil ?
On a tourné en rond autour d’une mappemonde qui paraît plate ? On a marché de travers sur des chemins courbes, en respectant des règles de droit, pour se sentir libres et vivants. On croit que le ciel est au-dessus de nos têtes, parce qu’on s’est fait du bien au 7ᵉ pour redescendre au rez-de-chaussée d’une vie sans altitude. On croit que le ciel est au-dessus de nos têtes, sans comprendre que la mort qu’on craint le plus et qu’on fuie, ne mène vers aucun ciel, pas plus que les enfers ne demeurent sous terre, mais que ces paradis doivent commencer ici et maintenant, jamais plus tard.
On croit que le ciel est au-dessus de nos têtes, et c’est déjà se tromper, puisqu’il est en nous, dans l’espace insondable de notre authentique et substantiel état.
On croit que le ciel est au-dessus de nos têtes, mais le ciel, c’est l’Amour qui nous traverse, qui nous transcende depuis un centre unique, intemporel et hors de tout espace possible. Ce Cœur juxtaposé au nôtre, voilà l’Essence oubliée, à restaurer, de ce qu’aucun homme n’a jamais manqué.
Le bonheur n’a pas besoin de fusée, juste d’un Cœur aérien, qui se souvient…de l’Essen-ciel et jouit pourtant de tout l'accessoire temporaire que notre vie mortelle nous offre. Car oui, Le désir ? c’est aussi de l’Amour incarné. On y reconnaît la Beauté, si on plonge dans son Cœur.
Un rebelle est deux fois vivant. Il vit meurt, puis revit de l’intérieur. Il ne se contente pas d’exister et de se laisser emporter par le vent des habitudes et des certitudes, il a organisé sa propre mort, non pour fuir la terre et le corps qui l’accueillent, mais pour plonger dans ses propres racines. Si on ne meurt pas à soi-même, par soi-même, on ne passe pas du savoir à la connaissance.
On s’éloigne du monde provisoire des apparences trompeuses des savants et des orgueilleux que le Mental nourrit, pour se rapprocher de soi et des autres, en Lumière, dont l’âme se souvient.
Nous sommes seuls à décider regarder ce monde de l’intérieur, de tomber à l’intérieur, pour nous relever et renaître, neuf et rassemblés. Neuf comme un enfant qui s’émerveille. Au pays de l’enfance, de toute façon, tout n’est qu’Un.
C’est quoi le bonheur ?
Le vol d’un aigle dans un océan d'azur.
Son bonheur, d’abord – silencieux et royal, mais humble et discret – et puis le nôtre, en pleine Conscience de sa beauté et de notre chance d'en être le témoin et de le mériter.
N’envie plus l’aigle. Sois aussi Royal que lui, dans le paradis de ton propre Ciel, puisque tu l’habites depuis toujours et à jamais.
Partage avec lui, l’éveil de son vol glorieux, l’envie Royale de vivre par-delà l’absurde couche épaisse des choses communes.
La réminiscence, c’est paradoxalement l’intensité de l’instant magique qui est la Joie de l’incréé dans le créé.
Nous sommes appelés à sortir de nos cachettes de poussière, de nos retranchements de sécurité, et à accueillir en nous l'espoir fou, immodéré d'un monde neuf, infime, fragile, éblouissant.
Nul n'est beau, radieux, joyeux par ambition. La vie clairsemée d'épreuves, d'embûches, d'ombres et de lumières nous pousse généralement à déployer le meilleur de nous-même. »