La Vérité ne connaît ni nos bornes, ni nos chaînes. Mais l'inverse est vrai aussi. Nos bornes et nos chaines déforment notre vision et nous trahissent.
Un jour, ce monde sera devenu si sombre, qu'il faudra fermer les yeux pour trouver la Lumière.
Ce jour là sera le plus terrifiant, mais le plus béni aussi, car sonnera le tocsin de la Vérité.
La Vérité n'a jamais dépendu des autres, seulement de nous-même.
La vie :
cette larme naufragée
Le long d'une joue
Qui s'y échoue
Asséchée
Et sans bruit?
Non pourtant, le monde n'est pas en soi un mensonge, mais il est au minimum une scène où tout est fiction si on ne s'y ancre pas. La guerre du faux n'est pas qu'un essai (et quel grand livre) d'Umberto Eco. Il est ce contre quoi nous nous battons chaque jour, sans le savoir, pour recouvrer le sens originel, s'il en est. Subir n'est pas dans la nature de l'homme. Il lui faut aussi comprendre. C'est là que le grand chantier du Sens commence et cette construction est immense et truffée de pièges.
Il est grand temps, sans doute, de savoir qui nous sommes vraiment, où nous allons et comment. Mais ces adverbes, sont par définition des informations complémentaires au discours borné et aveuglant. Voilà que la logique elle-même ne suffit plus. Le discours et la raison de l'homme le méprennent, par nature depuis toujours, et ne permettent pas de résoudre l'équation entre l'être et le non-être. Toute la philosophie - comme la science elle-même - a échoué dans ce chantier et s'est radicalement effondrée sur elle-même, recluse en tant qu'objet et sujet de sa propre observation.
Le triomphe de la raison était nécessaire, sans doute, mais une chose est sûre, il n'a pas été suffisant pour réduire les antagonismes traditionnels qui marquent les inégalités entre les hommes et leurs conflits. La Révolution ne saurait modifier d'un seul coup et par elle seule, tout un monde de clichés et de certitudes cristallisés par des siècles d'illusions.
Tout éveil collectif procède d'abord d'un effort personnel et progressif. L’égrégore d'un lieu dépend de chaque entité qui l'habite. Tout est énergie. L'addition de chaque énergie n'intensifie que ce qu'elle est, par sa nature propre.
Il est indéniable qu'aujourd'hui, les déterminismes ont mené les hommes au doute, quoique qu'on se dise cartésiens, l'échec est pourtant partout de mise dans nos siècles et leurs Lumières sont aussi brillantes que le collectif de leurs Egos criards. Ils se croient forts car ils ont du savoir, en vérité ils ont occulté peu à peu la Beauté de l'Unité originelle.
Si tu n'es pas fort, sois sage, mais si tu n'es pas sage, ta force est ta faiblesse. Toute force qui ne passe pas par le Cœur est un fauve qui nous dévore.
Sois toujours assez fort(e) pour que personne ne te rende fragile. Il n'y a de faux qu'un autre qui te l'impose.
Il ne saurait en être autrement. Seule la violence, et l'imposition des idées et des doctrines bousculent les individus en les vidant de leur vraie substance. Les savoirs de ce monde ne sont pas la plénitude que l'homme sage recherche depuis le début. La sagesse des savants, c'est même tout le contraire!
L'homme ne peut saisir l'infini par son esprit fini. Il faut bien admettre qu'une part de l'immense mystère, pour ne pas dire la totalité, s'exprime par nos sens bornés et donc est enfermé dans la prison de nos propres limitations.
Les notions de Dieu et d'infini, perdent ainsi 99,9% de leur authentique et ineffable nature.
Il faudra bien que les scientifiques s'accordent un jour à ne plus vouloir percevoir autrement l'infini que par bribes comme le poète le fait depuis toujours, et plus dans sa totalité qui est insaisissable ici-bas.
C"est l'intuition qui nous conduit aux portes inaltérées de nous-mêmes et du monde.
L'intemporel lui, est volatile et léger. On ne peut prétendre le comprendre en l'asservissant aux lois pesantes d'un monde auquel nous sommes attachés.
Comme le vent ou le parfum, on y goûte l'onde qui passe, essence sans étendue, espace relatif et temps mesuré.
Nous marchons sur la terre noire, sans jamais pouvoir épingler dans notre tableau de chasse une Vérité, que nous altérons par le prisme obscur de notre illusoire domination.
Et le Ciel à jamais s'éloigne à mesure que nous croyons bien le connaître.
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Je n ai pas de mémoire. L'absence de mémoire est une qualité de l'essentiel sacré. Toute société tente de vous imposer des normes et des coutumes, dès règles et des modes, des savoirs complexes et ésotériques.
En vérité tout est simple comme un instant perçu, comme l'air qui se respire sans effort, comme la marche du premier né qui tombe et ne se souvient ni de la douleur de l'apprentissage ni de la blessure de la chute.
Le savoir est un leurre de civilisation perdue. On se raccroche aux certitudes matérielles, dans la mémoire du matériel. On oublie l'essentiel et l'on se rappelle de ses propres canevas en se construisant de bonnes raisons d'y croire . On se remplit à ras bord, par peur du vide, pourvu qu'on se sente exister. L'absurde c'est du néant mental qu'on remplace par du trop plein. On ne crée que la réalité qu'on mérite.
Oublier qui nous sommes, substituer notre essentiel par de la matière grossière, et revenir progressivement à cette conscience en perçant ces murs épais d'en bas, par bribes et évidences d'en haut.
Voilà de douces fulgurances étrangères à tous les savoirs du monde.
Je ne sais rien, je me laisse traverser par la Nature profonde de l'instant. Le savoir suppose l'étendue du temps. Il est incompatible avec la connaissance qui est une conscience sans étendue, sans forme, sans ego pour s'en féliciter. Car le savoir est vain, car l'origine et la fin du Monde ne se laissent pas appréhender par les esprits étroits.
La Lumière ? Ça n'est pas une donnée mentale.
Le mot littérature a je ne sais quoi de trop mécanique et doctoral à mon goût. Je lui préfère les mots désordonnés que le Cœur seul cultive, comme ces fleurs qui poussent dans les jardins anglais. Et s'il fallait fuir l'ordre pour comprendre son chaos ?
Je traduits l'Unité inséparable d'une Lumière invisible, par l'étendue des mots décomposés. C'est déjà trop: trop tard, trop de mots, plus assez d'âme, pas assez de Cœur désintéressé, tombé et perdu comme les autres, au milieu des choses fausses. Comment rendre à la fleur son parfum et sa couleur? Mais il le faut. Il faut bien communiquer notre espérance, même aux plus sourds. On ne cherche pas à imposer une vérité objective, juste à rendre au monde sa Mélodie première, comme un morceau de musique, que le compositeur écrit, pour traduire le sacré qu'il perçoit encore. La poésie consiste à mettre un peu de couleurs dans les cases blanches de notre dualité manifeste, de nous rebeller de façon constante et créatrice, pour redonner à l'âme toute sa place dans ce monde matériel, insensible et anesthésiant.
On tombe bien sur, comme tombèrent les premiers hommes et tous ceux qui suivirent en ce bas monde. Mais cette réalité haut et bas, est elle-même un mensonge à transcender.
L'Ego matériel nous plaque au sol, l'Ego spirituel nous perd dans l'espace. Légo sous le pied, ou l'Ego dans la tête, ça fait mal tout autant...
Ce n'est pas l'Amour qui manque en soi, c'est soi qui manque à l'Amour. Il y a assez d'Amour en moi pour accompagner l'éternité.
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Expérimenter l'Amour, c'est faire entrer une part de l'infini ineffable dans les frontières étroites de nos corps exigües. C'est donner corps à l'Amour, dans la juste réalité d'un Ego à dépasser.
À chaque incarnation, nous tentons tant bien que mal, de comprendre l'absolu grâce au relatif, de déployer l'Unité dans les cloisons de la dualité qui fait notre quotidien, de gouter aux plaisirs interdits aux âmes sans corps. Et l'évidence nous pousse à créer cette espérance au quotidien, à la clamer, à la transmettre par les arts libéraux que nous apprenons aussi à aimer progressivement.
Notre imperfection tente chaque seconde une approche en conscience de l'absolu dont nous avons été détachés depuis la naissance jusqu'à notre mort. Notre personnification nous donne la clé de la liberté.
Sans vies incarnées, l'absolu est immobile.
Le bonheur sur terre, c'est donc le souvenir par bribes du Ciel, c'est la réminiscence de l'état absolu, au cœur des hommes.
Encore faut-il savoir atteindre cette profondeur occultée. Et voilà la raison fondamentale de ce pèlerinage, sa fin et ses moyens.
La Vie permet d'animer la perfection dans l'imperfection. La Vie, c'est Dieu fait hommes.
Peu encore s'en souviennent, mais cette petite part de conscience est la porte étroite qui mène directement à la Beauté que nous sommes, tous, en Soi.
La conscience, n'a pas d'étendue. Elle est l'intensité fulgurante de l'évidence sacrée.
Le temps n'est pas le contraire du non-temps, de même que le chaos n'est pas le contraire de l'ordre. Tout Est juste et parfait dans l'ordonnancement de la Vie incarnée ou désincarnée. Tout est là, en place ou au-delà, devant nos yeux ou à l'intérieur, à découvrir pat nous-même. Tout est à se rappeler, non plus par la seule mémoire des Hommes, mais par l'évidence des dieux que nous Sommes encore aujourd'hui, même enfouis sous des tonnes de glaise.
Nos corps expérimentent le temps pour échapper à l'impersonnalité de l'incréé, à la permanence d'une éternité toute aussi parfaite qu'elle est ennuyeuse.
Oui, la vie seule nous permet de plonger au cœur de l'imparfait, de risquer ne plus être immortel, dans l'oubli et la séparation de Soi au milieu d'une réalité personnelle et altérée ... pour se sentir exister.
Voilà la suprême liberté : les aléas merveilleux et croisés de nos fragiles destinées. Un jour on se souvient de l'Unité oubliée des dieux dans la dualité obsessionnelle des hommes... et tout devient magique, le haut comme le bas.
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La magie du désir et celle de la Joie spirituelle, voilà d'ailleurs la vraie définition du Tantra.
Le sexe est une AlChimie, une explosion des sens, et c'est d'ailleurs la plus belle traduction de deux fusions d'âmes, la rencontre ludique de deux innocences en communion de Cœurs et de corps. De même que se nourrir chacun à la Source de l'autre est peut-être aussi un 69 spirituel, en explosions d'Essence.
Qu'importe même le souvenir ou l'oubli des autres, puisque nous sommes à nous-même notre propre éternité consciente.
Vos égos sont vos seuls masques. Vos limites sont votre mortelle et fatale destinée. Libérez-vous, réveillez-vous, écoutez-vous...
Votre Conscience est votre Lumière dans les ténèbres, l'intemporelle joie tenue prisonnière de vos seules horloges. Vous avez tout votre temps, sauf au prix de vos propres larmes.
Là où il y a des hommes, il y a des larmes sourdes, mais le murmure discret et parfois confus de la sur-humanité est un concert illimité à guichet jamais fermé.
Des ciels optimistes, ne pleurent que s'il le faut et la tristesse n'est pas œuvre noire en ce monde.
Pourtant, on sait tous que les larmes du bonheur valent mieux que celles de nos tristesses et de nos rages. S'écouter et rappeler à Soi sa part de divinité, même dans l'espace étroit de nos fragiles corps, c'est le début de la Conscience magique.
Aujourd'hui je chante la Beauté pour ceux qui l'entendent, même de loin.
On a tous une âme mélomane. J'aime la matière qui fait sonner ce monde à mes oreilles.
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La tête analyse, le cœur canalise. La créativité, c'est notre propre étoile de Bethléem. Nous sommes à nous-mêmes les étoiles que nous créons dans la vaste étendue de notre Cœur.
Nous sommes l'Unité en puissance, éparpillés comme autant de pièces du grand puzzle de la vie, à rassembler.
Le grand paysage originel rejaillit par notre faculté à la Conscience régénérée de soi-même, à la Conscience désencombrée, à la Conscience recouvrée.
C'est ainsi que chacun reconnaîtra l'autre comme l'essentiel de lui-même.
Et l'on reconnaît le jaillissement de Cela au milieu du temps qui ne nous promettait que la mort.
Il faut descendre dans les arcanes du monde extérieur pour comprendre combien il n'était que la projection mentale de notre propre égarement.
Alors, on n'accepte plus l'esclavage de la norme qui nous fait oublier le Cœur.
Alors on mobilise la Force inouïe de l'Amour qui se déploie depuis toujours, dans nos rêves, nos flirts, nos légendes, nos romans...dans nos vies de tous les jours.
Alors on mobilise ce qui reste quand tout nous fuie.
Alors, on entend la mélodie de notre éternité oubliée, au milieu de la grande horloge impitoyable.
Des milliers de vies, ou un millième de seconde, pour rejaillir en éternité!
Et puis, on se rappelle à soi-même, en Conscience, ensemble et plus jamais divisés.
Et l'on se retrouve enfin... là où l'on nous avait laissés ... comme nés. L'innocence est une parenthèse d'éternité dans la brutalité du temps des hommes.
Laissez s'harmoniser en vous la mélodie du monde qui vous veut en public averti.