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Chris le Gardien auteur
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Sur le chemin de l'enfance perdue...

Sur le chemin de l'enfance perdue...

Sur le chemin de l'enfance perdue...

Quand on a dix-sept ans, comment expliquer aux autres et aux premiers intéressés, ses parents, les angoisses qui nous hantent?

Nous naissons dans un monde hostile et les images de la violence ne cessent d'alimenter notre mental.

J'ai comme vous emprunté un chemin d'embûches vers moi-même.

Depuis bébé, j’avais peur. Peur de voir les coups de mon père s’abattre encore sur ma mère ; Peur du sang et des cris ; Peur de devoir grandir malgré moi et me réfugier dans ma chambre pour ne pas avoir à les séparer ; Peur des voyages interminables en voiture qui dégénèrent en violences sans nom ; Peur de la punition et des réprimandes. Peur des initiatives personnelles que je n’osais prendre et de la place d'adulte que je ne voulais tenir. Peur de devenir un jour un adulte en proie avec ses souvenirs et sa propre histoire de violences, à re-construire.

J’avais le nécessaire vital et plus ; mais la vie dans cette prison familiale dorée me pesait terriblement. Ce cocon, malgré tout plein d’amour et de paradoxes incroyables, anesthésiait mon âme et mon corps : pertes de mémoire, de confiance en soi, fatigues, passivité intellectuelle trop souvent concomitantes.

La communication avec le monde n’était pas rompue non.

Je jouais sur des gammes qui n’étaient pas les miennes. Mais je jouais bien la séduction pour faire comme tout le monde. J’étais un séducteur, accrochant le regard des filles qui m’attiraient. J’avais la chance de n’être pas disgracieux et sans doute mon charme avait-il déjà été sculpté par le magnétisme de ma différence. Mon Ego était encore si vif, si exacerbé. Je tombais souvent amoureux. Dans tous les cas, j’avais besoin du contact et de la tendresse des filles; me réfugier dans leurs bras c’était comme abandonner mon corps et mon âme de bébé contre les seins de mes mères substituées et adorables.

Je recherchais leur amour, mais je refusais leur violence. Et bien sur j'étais toujours déçu. Il n'est pire chagrin d'amour que celui des âmes sensibles, car s'y mêlent toute l'impuissance du monde et l'impossible quête romantique des âmes soeurs.

Aucun rapport de forces ne trouvait gré à mes yeux, comme si enfant, je les avais déjà toutes dépensées. Mais Aucun enfant ne sait originellement mentir... nos âmes non plus.

Et sitôt que je devais me montrer trop mâle, je prenais la fuite. Elles me faisaient peur avec leur appétit d’ogresse. Je ne souhaitais pas leur donner la virilité puissante qu’elles recherchaient et que d’autres garçons étaient à même de leur apporter. Je refusais les conflits, ce quotidien de mensonges, de tromperies et de faux-semblants, qui m’avait fait déjà tant souffrir.

Dans Belle du Seigneur, Albert COHEN définit le séducteur comme un modèle de force pour ces dames qui l’admirent. L’homme doit être un gorille et seulement ne compter en lui qu’un centième d’Orphelin, dit-il. Sitôt qu’il faiblit, il ne parait plus pouvoir assurer la sécurité de sa femelle et celle-ci, de façon quasi instinctive, s’en détache.

Peu m’importe de savoir si ce modèle correspond ou non, à une volonté consciente des femmes ; Ces dernières s’offusquent presque toujours de ne pas avoir l’hominidé sanguinaire idéal que Cohen décrit.

Mais je ne cédais pas aux sirènes du conformisme qui m'appelait pourtant. Et si la violence mentale était un cri du Cœur? ; un SOS de l’âme qui se débat, en proie avec les démons menteurs, les prémisses certaines d'une libération imminente?

Et si finalement, côtoyer l’enfer nous ouvrait les portes du paradis, par réaction et élévation ?

Et si l’histoire personnelle n’était qu’une rébellion contre nous-même destinée à faire taire, une par une, chaque partie douloureuse de notre être ? Et si chaque seconde de notre vie était une chance pour réparer toutes les précédentes et comprendre au travers un immense miroir alchimique, les mécanismes de nos peurs profanes?

Pratiquer la Lumière c'est aussi faire preuve de courage et de rébellion contre ce qui nous tient dans l'obscurité.

Qui n'a d'ailleurs pas ainsi éprouvé un jour ce même besoin de se conformer au monde qui l'entoure par manque de courage? Pour ne plus souffrir, tenter d'être comme ceux là même qui nous font souffrir. Nous nous complaisons alors dans le syndrome de Stockholm et devenons, les uns à l'égard des autres, nos propres geôliers. Autour de moi, la société et l’histoire ne sont que modes et expressions de puissance virile. Et j’en ai joué parfois moi-même pour capter l’attention de mes semblables.

Mais aucun homme ne peut s’abandonner à une sensibilité qu’il ne maîtrise pas ou plus tout à fait et qu’il n’est pas de sa nature de sentir.

En revanche, nous sommes le produit complexe de nos affects, un être en reconstruction qui a vocation à l’humilité.

Plus nous approchons du Sublime et plus le Vulgaire résiste...la Lumière n'est jamais acquise...elle est sans cesse menacée, comme disait René Char, par l'insignifiant.

Le plus bel équilibre sans doute est de ré-concilier les obligations du corps aux nécessités de l’âme, sans plus les diviser ou les opposer, mais en les réconciliant, jusqu’au soir de notre vie.

Combien de nous ont connu le Sublime? Et combien ont éprouvé les terribles agressions de l'Ego qui nous pousse sans cesse vers son opposé?

Ainsi, aucun équilibre ne se perd si l'esprit s' aligne parfaitement sur le Cœur. C'est difficile mais pas impossible.

Ma dépendance psychologique à l’égard de ces parents auxquels j’avais pourtant le sentiment de tout devoir sacrifier, et d'une société si peu démonstrative de jolies valeurs paralysaient toutes mes perspectives. Ces parents qui étaient un modèle et qui me modélisaient à leur image. Ces parents qui concentraient dans le foyer, toute la violence du Monde. Ces parents auxquels pourtant j’ai pardonné la faiblesse d’être faibles en comprenant ma force d’être fort.

Qui étais-je, en effet, pour juger ? Je n’avais pas encore dix-sept ans. Mais je savais d’intuition, et ce qui fut ma force, combien nous sommes tous fragiles. Personne n’est à l’abri des excès de la rage que le mental nourrit, malgré soi. Qui n’a jamais été le spectateur impuissant de ses propres excès ? Nous ne sommes rien sur ce Plan obscur sans les échecs et réussites de nos semblables. On ne peut juger les autres sans s'accabler aussi soi-même.

Ceux qui ont cheminé vers la Lumière, même dans leurs propres ombres, sont toujours nos phares dans la nuit.

Ainsi j’ai observé le monde et espéré en sa transformation. On ne révolutionne pas le monde, on révolutionne sa façon de le regarder.

Je ne voulais plus être un grand singe, sans langue, sans yeux et sans oreilles. D’ailleurs les singes ont gardé une innocence imperturbable que nous avons assassinée en devenant des Humains « supérieurs » !

L’Humilité est la pleine conscience de l’Etre animal ou animé.

L’Humilité touche au Cœur. Il est le seul regard sans objet, sans intérêt manifeste, il permet de faire connaissance avec l’Unanime en nous. Il permet d’accéder au Cœur de l’Humanité sans peur, et de retrouver le chemin perdu des étoiles.

Pour faire surgir spontanément cette Conscience, nous devons accepter les paradoxes du monde et leur accroches illusoires. Ces peurs, ces désirs, ces déceptions, la propriété et toutes les inégalités qui nous révoltent et que nous finissons par accepter ou combattre sont le monde accessoire auquel nous nous accrochons depuis toujours.

L'accessoire, est un accès vers l'Essen-Ciel. Un tunnel d'espoir qu'on creuse sans cesse vers Soi, de midi à minuit.

L’Humilité rompt avec cet attachement et nous libère de la pression mentale et de ses mécanismes.

Aucun combat n’est vain mais aucun combat n’est dénué de la violence qui nous maintient dans la violence.

Les combats sont masculins. Assumons notre part féminine qui adoucit notre virilité insolente et brutale, sans l’hypothéquer bien sûr mais, qui bientôt, nous conduira vers ces mondes subtils que nous pressentons déjà. Le Cœur lorsqu’il s’ouvre ne se referme plus jamais sur le monde originel qui le fonde.

Le Cœur perçoit le Sublime dont les yeux perçoivent parfois quelques pâles reflets. Quand le cœur est ouvert et qu'il rayonne, alors il fait du corps son messager et s'y incarne en un plaisir délicat. Ce n'est pas le désir qui sublime l'amour, mais l'amour sublime sans aucun doute le désir. Mais aucune âme entravée ne peut le comprendre sans cheminer parfois longtemps.

Le Cœur est parfois entouré d'épaisses fumées noires qui ne se dissipent que par le souffle de l'esprit.

C'est pourquoi il faut beaucoup d'Amour pour les apprentis que nous sommes sur le chemin de l'innocence. Pour le comprendre, toutes les traditions ont admis le principe que l'Amour est à la fois le but et le chemin. Nous n'avons d'autre vocation sur Terre, que d'enrichir l'ordinaire.

L’équilibre des forces opposées se mérite ; en communion parfaite des âmes et des corps, de la plus grossière à la plus subtile, chaque rapport "d’être à être" permet de comprendre nos peurs et de les regarder en face. Nous cherchons au travers nos propres imperfections à apaiser les cris du Monde. Nous sommes tous un modèle de perfection ou d’imperfection selon le regard qu’on nous porte et les réactions qui nous saisissent.

Bien assis sur le sol, ne pensez jamais avec de la terre mais avec du Ciel dans les yeux. Les clés qui ouvrent les portes du Ciel sont toutes cachées dans la profondeur des terres.

Accepter…Nous devons accepter la Vie dans ses moindres détails . Accepter les choix subis, ceux qui n’en sont pas, ceux que la passion nous a fait prendre un jour ou fuir.

Si nous ne choisissons pas nos familles, elles sont sans doute une opportunité pour y prendre appui, pour grandir, souvent malgré nous, et devenir plus fort. Notre sensibilité se heurte à celle des autres et s’en nourrit, pour n’en garder, au final, que le meilleur.

J’avais dix-sept ans...Je commençais à le comprendre car depuis tout petit déjà, les signes frappaient à la porte d’un Cœur bouleversé mais dégagé de ses sur-couches profanes. Mon regard affuté ne venait pas de mes seuls yeux. Ce que je cherchais, c’était le lien direct, la communion plus que la communication. Si vous connaissiez la puissance de l'Amour, vous ne lui préféreriez plus jamais celle de la discorde. Je ressentais cette incroyable puissance en moi. Et chaque rencontre devenait une rencontre d'âme à âme. Je me suis vite rendu compte que quand les êtres vibrent à des rythmes compatibles, toutes les forces se concentrent alors en un point convergeant et paisible : le Coeur.

Faire Un avec Soi même c'est défier les lois de l'espace-temps, c'est éclipser les perturbations du Mental, c'est communier avec le Tout et avec tous ceux qui partagent ce regard illuminant.

Oui. Nous devons accepter et remercier le Ciel pour la part de bouleversement que la joie ou la douleur actionnent en nous. Nous oscillons tous entre ciel et terre. On a tous une petite torche qu'on met à notre fenêtre. Parfois elle vacille, mais elle ne s'éteint jamais. Au quotidien, il faut préserver le Sublime dans son écrin originel.

Sans les soubresauts Vie, je serai encore immobile. Sans mes faiblesses, sans mon instinct de protection, sans ma rébellion d’enfant et de jeune adulte, je serais aujourd’hui un produit de la violence et non le résultat de la contre-violence.

Je crois dans la dilution progressive de la noirceur du monde. J’en suis l’un des acteurs, comme nous tous, compagnons d’infortunes qu’un trésor accompagne. On ne peut avoir touché les étoiles et vouloir rester enterré le restant de ses nuits.

La Lumière re-connaît toujours son chemin malgré nous. Il serait bon de s' épargner un peu d ' inutile souffrance. Nos tristesses sont des morceaux perdus de nous mêmes, temporairement séparés de notre Source qui nous appelle.

Toute souffrance est une résistance active contre l'évidence qui nous appelle. Le Cœur peut seul s' en affranchir. On peut alimenter des jours, des mois, des années même le brasier de notre souffrance, cependant qu'il suffit d'un instant pour l'éteindre.

Toute forme prend la couleur de la Beauté, quand l'âme s'exprime. La Fleur s'épanouit vers le Haut, et se nourrit d'eau et de Lumière. J'aime l' instant précis ou deux regards s'envisagent. Ils sont déjà plongés,sans le savoir,dans le mystère de l'âme.

J’avais 17 ans… On m’avait privé, sans le vouloir, d’une innocence que mon Cœur a spontanément retrouvé depuis. Les cœurs redeviennent les enfants innocents qu’ils ont toujours été et aucune souffrance d’adulte ne peut altérer un Cœur Vaillant. Celui qui ne veille pas dans l’ombre à la recherche de lui-même, ne trouve que ce qu’il peut trouver avec ses yeux.

Que sont devenues mes années ressassées ? Aucun des nuages de notre passé ne permet de nous dissimuler durablement à nous-mêmes. Le soleil originel brille à chaque instant et pour Tous. Chacun l’admettra quand il sera l’heure, et parce que la Vie nous presse. Certains d’entre nous ouvrent leurs persiennes et accueillent le jour, chaque matin. Chaque fenêtre ouverte découvre un horizon immense.

Rien n'est plus beau qu'un coucher de soleil. Car chaque instant se nourrit de la Lumière éternelle même dans les plus imparfaites ténèbres.

Il y a dans chaque épreuve de la Vie la part de notre Lumière perdue qui demande à rejaillir. C'est ainsi que le monde devient moins sombre. Les souvenirs ne valent qu'au présent mais le présent se moque bien du passé. La Beauté demeure où l'Homme se retrouve.

Puisque chaque instant nous oblige, chaque instant aussi nous libère. Si nous tombons dans nos précipices,nous tombons aussi dans nos profondeurs. Chaque chute nous pousse à nous rapprocher de l'Intime Originel.

J’aime la Vie, même celle qui chante les tempêtes du monde, pourvu que des oreilles l’entendent. Et quand nous partageons une danse, au son de belles mélodies, avec les âmes-enfants reconnues comme telles, croisées au détour d’un hasard sublime, alors on ne peut plus cesser de rire.

L'Eternité résonne dans chaque instant. Ainsi chemine chaque adulte sur le chemin de son Innocence éternelle.

Sous la couche épaisse de nos actes, notre âme d'enfant demeure inchangée ; l'âme échappe au temps.

François Mauriac

Continuez le voyage,poursuivez vos rêves, dégagez le temps, déblayez les décombres et découvrez le ciel.

M. Benedetti

Tu bloques tes rêves lorsque tu laisses tes peurs grandir plus que ta foi.

Mary Manin Morrissey

Vous voyez l'ombre et moi je contemple les astres, chacun a sa façon de regarder la nuit.

Victor Hugo

Regarder la vie avec son cœur, c'est prendre de la hauteur et trouver l' apaisement dans la légèreté.

J. Letellier

Un regard libre du passé est un regard ouvert à lui-même...Ce que nous sommes ne se laisse pas penser.

Jean Klein

Les gens heureux n'ont pas d'histoire.

S de beauvoir

Je vis dans la lumière de l’Âme. Je n’ai plus de secrets.

Alda Merini

Le cœur est l'unique vérité, l'esprit n'est qu'une étape.

Ramana Maharshi

Le monde dans lequel nous vivons est un temple qui laisse constamment transparaître la lumière miraculeuse des premières étoiles.

J Kornfield